Non, ce blog n'est pas encore mort. Même si la mode n'est plus, depuis longtemps, à ce type de communication beaucoup trop écrit. Les nouveaux réseaux sociaux privilégient davantage l'image, la vidéo ou les textes très courts. Car l'écrit réclame plus de temps. Du temps pour écrire, même quand c'est mal fait (si, si). Du temps pour lire. Ne sommes-nous pas dans la société du zapping ultime, comme des gamins, incapables de concentration prolongée ou est-ce le monde tel qu'on l'a construit qui nous impose cette triste volatilité ? Alors que le temps me manque, nous manque un peu à tous, j'ai à de nombreuses reprises, eu l'envie d'arrêter. Pour plein de raisons. Pour la futilité de l'exercice : pour qui ? pour quoi ? Pour la difficulté parfois à s'enthousiasmer sur les nouveautés musicales. Et puis, j'y suis revenu. Par passion plus que de raison. Et puis, malgré tout, mine de rien, par manque. Alors, voilà, on attaque la dernière ligne droite de 2022 et je n'ai pas encore écouté mon compte de disques de l'année. Pas suffisamment en tout cas pour faire preuve d'exhaustivité à l'heure des bilans. Et puis, c'est peut-être l'année où nous avons assisté au plus grand nombre de concerts avec maman. Parce que l'offre est pléthorique en raison des deux ans de sevrage imposé par le COVID, mais aussi parce que les enfants grandissant, il nous est plus facile de nous libérer. Plus que des concerts de nouveaux groupes à la mode, nous multiplions en 2022 les prestations d'anciennes gloires de nos années de jeunesse. Comme pour Dead Can Dance, le concert de Pavement avait lieu au Grand Rex. Si pour les premiers, le lieu pouvait se justifier, on ne peut pas dire que la musique des californiens se prête au complexe cinématographique. La première partie fut assurée par le groupe franco-australien The Wonder. Le public encore assis, restait plutôt sage, même si leur musique, bien dans l'esprit de Pavement, collait parfaitement pour une entrée en matière réussie. Ça doit faire un drôle d'effet de débuter ainsi juste avant ses idoles, qui plus est, dans une salle assez importante. Le concert fut plaisant, sans pour autant laisser un souvenir inoubliable. La bande de Stephen Malkmus déroula ensuite près de 30 morceaux tirés de toute leur discographie. En n'oubliant presqu'aucun de mes titres préférés avec notamment un fameux enchaînement "Range Life", "Shady Lane" et "Two States". J'aurais bien aimé entendre "AT&T", excellente chanson perdue dans le dédale de "Wowee Zowee" - aussi demandée par quelqu'un du public - mais celle-ci est bizarrement très peu jouée en live. Une fois de plus, la soirée fut donc placée sous le signe de la nostalgie. Le groupe n'est pas très bavard, ce qui permet d'écouter encore plus de musique. Bob Nastanovitch est toujours présent pour gueuler sur les morceaux les plus nerveux, et mettre un peu de désordre sur scène, ce qui permet de reposer la voix de Malkmus. Une nouvelle venue intervient en tant que claviériste, bien dans l'esprit des plus anciens : le look est une préoccupation secondaire. Le concert m'a en tout cas permis de confirmer mes disques préférés du groupe. Bien évidemment cela reste leurs deux premiers, les éternels "Slanted and Enchanted" et "Crooked Rain, Crooked Rain", chefs d'oeuvres absolus de l'indie rock des années 90. Si la pochette de leur toujours dernier album en date, "Terror Twilight" apparaissait sur les affiches du concert, le groupe n'en joua que très peu de titres, confirmant une fois de plus, le statut de disque injustement négligé. Au final, même maman qui, pourtant, n'est pas une fervente admiratrice du groupe, sans doute parce qu'elle l'a connu sur le tard, apprécia. Pour ma part, "assister à un concert de Pavement", voilà un autre de mes rêves réalisés. A défaut de pouvoir mourir tranquille, je pourrais sans doute mieux dormir. C'est d'ailleurs, par "Fillmore Jive" que le groupe clôtura sa prestation. "I need to sleep. Why won't you let me sleep ?". Des étoiles plein la tête.