Il y a quelques jours je citais des textes trouvés dans la revue Teste écrits à propos des Archives du désastre de Jérémy Liron. Les reproductions des oeuvres m'ont obsédé au point que je suis allé voir le site de l'artiste où j'ai lu que Laurence Gossart a écrit à ce propos un texte pour la galerie Isabelle Gounod. En voici quelques extraits :
(…) Un grand corps dans lequel chaque pièce trouve – si je puis dire - troue sa place, tout en conservant son autonomie. (…) L’ensemble de dessins Les Archives du désastre est débuté après que nombre d’événements très violents marquèrent nos quotidiens : les exactions de Boko-Haram, les attentats en France ainsi que ceux du musée du Bardo de Tunis mais aussi la destruction de la cité antique de Palmyre. Enfin, c’est tout particulièrement après l’attentat du journal Charlie hebdo que Jérémy Liron engagea ce travail. « Comment en sommes-nous arrivés là ? » s’interrogeait-il. (…) Il faut du temps, un grand temps pour digérer les évènements. Ce n’est pas une œuvre de l’immédiateté, c’est une œuvre d’un temps sourd, comme les couleurs des dessins d’ailleurs. Car ce sont des dessins d’après... d’après coup, des dessins qui accusent le coup. Accusent les coups qui ont impacté le monde sensible et physique, monde charnel. « Accusent » dans les différents sens du mot. (…) Loin d’être figé et terminé, cet ensemble est mouvant. Il semble remuer la vase de la mémoire dans laquelle sont pris des cris étouffés de l’histoire, des survivances d’images, prélèvements de fragments, survies de faits. (…) Ce vert qui module les dessins, ou que modulent ces derniers, ce vert prégnant d’oxydation de bronze ou de putréfaction, ce vert noie les images dans un bain de révélation. Un liquide de vase, de mare, un vert de fonds marins où s’enlisent objets et ruines, pertes et oublis. Un vert où la mémoire s’englue tout autant qu’elle fige. (…) C’est la couleur de la moisissure, de la maladie, de la putréfaction et surtout des chairs décomposées. Par la même, c’est aussi celle des cadavres et, par une relation analogique dont le Moyen Âge est coutumier, celle des revenants qui quittent le pays des morts pour venir sur terre tourmenter les vivants et réclamer leur droit à la vie éternelle. (...)
(Extraits d’un texte de Laurence Gossart pour la Galerie Isabelle Gounod)
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