Album - Mademoiselle K - Mademoiselle K
Kravache
NoPo
MADEMOISELLE K 2022
Pas la peine de présenter la demoiselle.
Faisons le quand même... car c'est un K (mais pas un 'K' raté).
K pour Katerine et pour la dernière lettre de Gierak.
Originaire de région parisienne, elle prend ses racines en Pologne.
Elle sort son premier album juste après la fin de ses études de musicologie à la Sorbonne et moi... j'suis pas vexé!
2006 : Ça me vexe
2008 : Jamais la paix
2009 : Live
2011 : Jouer dehors
2015 : Hungry Dirty Baby
2017 : Sous les brûlures, l'incandescence intacte
En tous cas, elle a de la personnalité et sait ce qu'elle veut.
Elle maintient, contre l'avis de sa maison de disque, la langue anglaise dans son projet de disque "Hungry Dirty Baby" et... elle se fait virer!
Persévérante, elle crée son propre label au nom signé avec un 'K' et approprié "Kravache".
Elle vient nous rendre visite dans le deux deux et les avis ravis vont dans le sens de Michel
Cette fois, soutenue par plus de 2000 contributeurs sur Ulule, elle tourne une nouvelle page.
2022 : Mademoiselle K, un renouveau?
La photo principale ne met pas la dame en valeur, juste peut-être sa bague et la couleur bleu claire de la glace qui fond sur ses doigts et dont elle se gave sur le clip de 'Garçon bleu'.
Finalement, il fait beau, le ciel et le marcel en attestent... Quoi de mieux pour s'éclater en écoutant la rondelle?
Sur le modèle de la guitare éraillée, la voix s'enroue, rond, ça ne tourne pas rond! Mademoiselle chante le blues...
Elle se pose beaucoup de questions... trop... de questions trop!
'Chloroforme' ne décrit pas la grande forme et les arrangements, aux traits tirés, et à la gratte douloureuse, n'arrivent pas à arrondir les angles.
Ce riff répétitif en entrée, droit et sec, percute d'autant plus, qu'une deuxième guitare rageuse le contrarie sur un rythme carré.
Dès que la voix perturbée se fait entendre dans un vent de folie, la mélancolie prend le dessus.
'Oui, j'ai craqué à l'extrémité' confesse-t-elle, une étape à franchir pour dépasser nos intensités?
'L'infirmière m'a dit...' un clin d'oeil à Mylène Farmer?
La fougue envahit tous les instruments, la batterie, en moulins, mordant ses peaux, la guitare en distorsion et les petits cris rebroussant le poil. Intense, adjectif qui colle à ce titre canon!
Les accords déglingués du titre suivant 'Garçon Bleu', presque juvénile, prennent à contre-courant.
Les arrangements, surprenants, donnent un son saturé à la batterie en dérapage contrôlé. A l'inverse, la basse maintient un équilibre salvateur.
Finalement, cette composition joyeuse convient parfaitement aux paroles légères et ensoleillées 'Et toujours ce petit air frais jusqu'à mon visage qui soufflait'.
Une respiration après deux chansons tendues.
Les soupirs de la jeune femme ne sont pas ceux de l'effort pour grimper le Vercors.
Il faut retenir le second mot du titre 'Vercors hardcore' pour comprendre. Alignée, la basse tonne, vigoureuse.
Les riffs de guitare dérapent vicieusement. Les mots ne se retiennent pas, le corps non plus! Vertiges de l'amour?
De 'On m'a vu dans le Vercors' à 'Je prends des trains à travers la plaine', il n'y a qu'un pas (un wagon?), vite franchi par quelques lignes troublantes.
Même si subtilement, 'j'me paume dans ta main' confirme que la conductrice s'égare, 'J'fais le TGV je vais à fond dans ta direction' montre qu'elle sait où elle va.
Les mots se prononcent parfois crus et la mélodie ne sent pas le réchauffé.
La chanteuse se balade tranquillement sur une sobre instrumentation fignolée aux jolis choeurs.
L'arpège en boucle, sur une guitare acoustique, délave ''Gâché' comme une peinture triste. L'E-bow plante ses banderilles.
La patiente a voulu toucher la patte de l'ostéo après avoir craqué sous ses mains délicates, encore une référence érotique!
'Faut pas gâcher!' disait un célèbre entraineur de foot...
Sur un ton taquin et un clavier au son de basson, 'J'rêve d'un CRS' débite sur un rythme martial qui me rappelle 'Un homme pressé' de Noir Désir ou même 'Eclater un type des ASSEDIC' d'Akhenaton.
La comparaison s'arrête aux premières secondes car une guitare électrique vient donner un air plus rock.
L'humour, plus que l'amour, et l'érotisme reviennent toujours avec la matraque cette fois, douce et enveloppée par un chaud son de saxo.
Percussions et bruits électros un peu délirants constituent le super pour la recette d'un 'Gratin de tendresse'.
Derrière l'impact du confinement, un peu de légèreté synthétique sur laquelle danser tel un écervelé et on ne s'en porte pas plus mal.
Un bel arpège glisse 'Sous mon pull'. A l'inverse du morceau précédent, on devine une forme de prostration.
Le frottement des doigts sur les cordes émeuvent à l'image des muscles serrés en signe de protection de l'artiste, seule et recroquevillée.
'Ta sueur' nous la fait couler. Le morceau long (près de six minutes) et hypnotique nous emporte avec lui dans ses tocs parfois rassurants.
Le rythme, démarré à la boite, ne change pas d'un iota traçant une ligne pour le spoken word très personnel de la demoiselle qui livre son mal-être et son système de consolation (en couple cette fois).
Un break meurtri, puis la basse à la relance... écume la batterie, écume! Et les choeurs fragiles touchent au coeur...
La guitare électrique se perd en magnifiques circonvolutions vibrantes à la Neil Young au fil des coulées de cette sueur. Bouleversant!
La crête, un pays tapez 1, une arête tapez 2, une coiffure taper 3? 'Trafiquante de crêtes' appuie sur le bouton 1.
Décidément cet album comporte plusieurs sommets. Ciel! En voici un!
Le chloroforme semble évaporé et la K oublie ses questions existentielles dans l'effort.
Une mélancolite aigüe règne sur ce titre à l'écho doux et touchant, entamé sur une guitare aérienne. Sur des traces aux esquisses de Bashung, la femme s'arrime à la cordée et monte, en rythme, dans la brume.
A l'approche du pic illuminé, synthé et voix se confondent en ouh ouh. Mademoiselle K n'est pas KO.
Mademoiselle K n'est pas n'importe qui! C'est quelqu'un... qui ne ressemble à personne.
Dans son oeuvre, on perçoit un brassage d'influences, une diversité sans trop pouvoir la citer.
Elle se donne tellement qu'il ne doit plus lui rester grand-chose. On abuse, on prend, on aime!
01-Chloroforme
02-Nos intensités
03-Garçon bleu
04-Versors hardcore
05-Les trains
06-Gâché
07-J'rêve d'un CRS
08-Gratin de tendresse
09-Sous mon pull
10-Ta sueur
11-Trafiquante de crêtes
Arrangeurs : Peter Combard, Colin Russeil, Simon Quenea
co produits par les Nantais Simon Quenea et Pierre Cheguillaume