Ces derniers temps, plusieurs jeunes – un peu partout dans le monde – s’en sont pris à des œuvres d’art en dispersant potages ou autres tomates et en se collant aux murs ou aux cadres dans l’objectif de dénoncer l’apathie des pouvoirs publics face à l’aggravation des changements climatiques.
Il faut bien reconnaître que ces actes ont été mal perçus par la plupart des gens, non seulement par les « bien-pensants », mais aussi par des personnes dont l’engagement dans la lutte pour le climat est évident. Certains, beaucoup – dont notre premier ministre belge – n’ont pas hésité à parler de vandalisme ! Étonnant !
Plusieurs constats.
- Les activistes ont toujours choisi des œuvres d’art célèbres et donc protégées. Aucune peinture n’a – à ce jour – été réellement endommagée. D’habitude, on parle de vandalisme quand il y a vraiment des dégâts. Ici, il n’y en a pas.
- Les activistes ont cherché chaque fois à se coller soit au tableau lui-même, soit au mur voisin. Se coller, c’est par définition ne pas chercher à fuir. C’est assumer pleinement l’action qu’on fait. D’habitude, les vandales essaient plutôt de fuir, de se cacher le visage, etc. Ici, ils se collent.
- On a beaucoup parlé de ces actes, surtout pour les dénoncer : ah, ces sales vandales qui s’en prennent à des œuvres d’art, joyaux de l’humanité ! Les médias ont moins mis en avant la question que les activistes posent. Celle-ci a pourtant clairement été posée par les deux premières jeunes-filles. Elles demandent : « pourquoi est-il plus important de protéger des œuvres d’art que de protéger l’humanité ? » Si on accepte de réfléchir sereinement à cette question, on ne peut arriver qu’à une évidence : ces jeunes activistes ont raison.
Le vandalisme, ce n’est pas de s’en prendre à la vitre qui protège une œuvre d’art, même si celle-ci est effectivement un joyau de l’humanité. Le vandalisme, c’est de considérer que ces joyaux de l’humanité sont plus à protéger que l’humanité elle-même. Or, quand il n’y aura plus d’humains, à quoi serviront encore ces œuvres d’art ?
La question aujourd’hui n’est pas de savoir si la Terre survivra ou non aux changements climatiques. La réponse est connue : la Terre survivra, y compris la vie qui l’habite.
La question aujourd’hui est de savoir si l’humanité survivra ou non à ces changements climatiques qui rendront la vie humaine de plus en plus difficile, voire impossible. Peut-on accepter cela sans rien faire alors qu’il y a encore moyen de faire quelque chose ? Les actions possibles deviennent de plus en plus limitées. Et on peut penser ce qu’on veut, mais elles nécessiteront de réels bouleversements dans notre manière de vivre, d’agir, d’être. Ces réels bouleversements seront cependant moindres que si on ne fait rien, à part continuer à se foutre du climat. Et donc, qu’est-ce qui est le plus important : protéger notre petit confort, dont ces sublimes œuvres d’art, ou protéger l’humanité ?
Une dernière réflexion : en soi, je n’approuve pas ces actions provocatoires. Mais je me dis qu’elles secouent peut-être plus les pensées, y compris des dirigeants, que les grands-messes du style de la COP27 qui se déroule actuellement en Égypte. Qui sait vraiment ce qu’il s’y raconte et ce qu’il s’y décide (ou non) ? Certainement moins de gens que ceux qui ont entendu parler du « vandalisme écologique » de ces activistes éveilleurs de conscience. Bien plus que ces actes d’éveil, le plus important devrait être les décisions de la COP27 et leur mise en œuvre réelle pour sauver l’humanité, quel qu’en soit le prix. Vous y croyez, vous ?