"C'est simple, le président, c'est le patron. Mon rôle, ce n'est pas de chercher à me différencier par rapport au président de la République pour des questions d'ego personnel, mon rôle, c'est de mettre en oeuvre le projet que les Français ont choisi". C'est ainsi que François Fillon parle de sa relation avec Nicolas Sarkozy. Modeste, le Premier ministre ajoute : "ma seule ambition, c'est de faire en sorte qu'à la fin de cette législature on ait coché toutes les cases du projet de Nicolas Sarkozy". Moins de deux mois après son arrivée à Matignon, on a du mal à le croire en se souvenant qu'il fut l'auteur de la sentence tout aussi aigre que prétentieuse : "la seule chose que l'on retiendra de la présidence de Jacques Chirac, c'est ma réforme des retraites"…
Son humilité (de façade ???) va jusqu'à le pousser à affirmer "ça ne me blesse pas", quand on lui rapporte les propos peu plaisants à son égard de la garde sarkozienne, Claude Guéant et David Martinon en tête. Même s'il qualifie leurs sorties de simples "problèmes de communication", il n'en reconnaît pas moins qu' "il y a une atmosphère à l'Elysée, à Matignon, avec des hommes et des femmes qui se sont battus pendant des mois et qui veulent que ça aille vite. Il y a sûrement encore quelques réglages à faire". Et pour un amateur de sports mécaniques, on ne peut pas dire que François Fillon y aille de main morte avec les réglages (on en frémit à l'avance quand on se souvient qu'il prétend conduire la France comme une F1…), comme le montre sa mise au point concernant l'annonce par Xavier Darcos de la suppression de 10 000 postes dans l'Education nationale en 2008 qu'il qualifie de "chiffre jeté en l'air".
Les ministres et les conseillers du président de la République ne sont pas les seuls à s'attirer les reproches de François Fillon. Face au chef de l'État, dont il assure pourtant n'être que la courroie de transmission, qui se dit "assez tenté" par l'introduction d'une dose de proportionnelle dans le scrutin législatif, le Premier ministre affirme qu'il s'opposerait "avec force à ce que cette dose de proportionnelle vienne mettre en péril le fait majoritaire". A ce rythme là, le pilote de Matignon va bientôt rentrer aux stands pour une sérieuse explication avec son team manager… qui pourrait même bien lui reprendre son volant.