Il y a des intelligences impossibles à vivre. Celle d’Antoine le fait souffrir. Il aimerait tellement s’en débarrasser. Toutes les tentatives sont bonnes : il faut perdre cette manie des citations dont il est ampoulé, il faut essayer l’alcool, le suicide, les médicaments, le changement de décor, la richesse… Mais rien n’y fait. Jusqu’au jour où, peut-être, Antoine, qui jouait avec ses amis au jeu du "monde se divise en deux", s’aperçoit qu’il est le personnage d’un scénario dont il ne maitrise pas tous les éléments et alors il doit faire confiance. C’est peut-être au risque de cette sorte d’amitié nouvelle qu’il deviendra sinon stupide, du moins capable d’accueillir la vie, ses erreurs, ses imprévus. Et ça ressemble quelque fois à une chanson.
Il y a sans doute un peu de Boris Vian dans ce premier roman de Martin Page, republié ces jours-ci. Et beaucoup du plaisir que l’auteur a eu à l’écrire passe dans la lecture, vingt ans après sa première publication, par l'éditeur Le Dilettante.