Mère d’un petit garçon, elle n’avait que 36 ans et était pleine de projets d’avenir lorsque Claude a perdu la vie. Ils venaient d’acquérir une nouvelle maison… que lui n’habitera d’ailleurs jamais. Le bonheur qui devait suivre la signature de l’acte de vente fut remplacé par l’accident, le déménagement et les obsèques. Vingt ans plus tard, alors qu’elle s’apprête à revendre cette maison qui est inévitablement liée à la tragédie, Brigitte Giraud revisite l’enchaînement des circonstances qui ont conduit à cette date fatidique du 22 juin 1999.
Avec des « Si », on met Paris en bouteille… mais on construit visiblement aussi un roman. Au fil des vingt-trois chapitres, Brigitte Giraud ausculte en effet un par un les hasards qui ont précédé la perte de son homme : « Si je n’avais pas voulu vendre l’appartement », « Si mon grand-père ne s’était pas suicidé », « Si nous n’avions pas demandé les clefs à l’avance », « Si mon frère n’avait pas eu un problème de garage » etc… À mi-chemin entre l’uchronie de « Si » qui permettrait d’enrayer le destin et l’enquête policière visant à reconstituer et à comprendre le fil des événements, l’autrice choisit de rejouer ce film dont elle connaît malheureusement déjà la fin, sans pour autant y trouver une logique. Des scènes qu’elle retranscrit certes avec suffisamment de recul, mais qui demeurent néanmoins enveloppées de deux décennies d’incompréhension et de chagrin.
Le problème avec le Prix Goncourt est qu’il vous incite souvent à lire des livres que vous n’aviez peut-être pas l’intention de lire à la base et j’ai donc un peu le sentiment de m’être assis à côté d’une dame qui a subitement commencé à me raconter le drame de sa vie alors que je n’étais peut-être pas forcément demandeur. Heureusement pour moi, le lauréat de cette année est beaucoup plus accessible que celui de 2021. De plus, la perte d’un être cher et la difficulté d’accepter que des proches partent beaucoup trop tôt, sont des thèmes qui ne manqueront pas de réveiller des émotions chez de nombreux lecteurs. Je ne doute donc pas un seul instant que beaucoup de gens seront touchés par cette introspection intime d’une autrice qui tente une énième fois de déjouer le destin… Et si… ?
Vivre vite, Brigitte Giraud, Flammarion, 206 p., 20 €, numérique 15 €.
Elles/ils en parlent également : Cannetille, Karine, Lili, Caroline, Antigone, Rose, Mélanie, Ghislaine, Isabelle, Vincent, Topobiblioteca
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