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Caroline Garcia, la résiliente

Publié le 08 novembre 2022 par Francky
Caroline Garcia, la résiliente
C'était le 18 janvier dernier, sur un court n°17 écrasé par la chaleur à Melbourne. Les tribunes étaient si creuses que l'on entendit distinctement la dernière frappe de Caroline Garcia échouer dans le bas du filet. La tête basse, la française, qui avait débuté l'année 2022 à la soixante-quatorzième place mondiale, quittait l'Open d'Australie dès le premier tour, battue par une jeune américaine issue des qualifications, Hailey Baptiste. C'était alors le début d'une pénible traversée, sous un ciel bas et lourd qu'une éclaircie allait finir par dissiper quelques mois plus tard lorsque la lyonnaise triomphait enfin sur l'herbe verte de Bad Homburg. La confiance était alors de retour, les victoires s'enchaînaient  et la française retrouvait enfin sur son visage ce sourire qui lui faisait tant défaut. S'ensuivaient des résultats encourageants à Wimbledon, un trophée soulevé à l'Open de Pologne, où elle faisait déjouer la patronne Iga Swiatek sur ses propres terres, un autre trophée à Cincinnati où elle éliminait trois joueuses du top 10, avant la folle épopée de l'US Open où elle expédiait ad patres toutes ses adversaires avant de redescendre sévèrement sur terre en demi-finales contre une Ons Jabeur impériale. Les problèmes étaient alors de retour et l'on craignait que le mental de la française ne s'effrita tandis qu'elle n'enregistrait qu'une petite victoire à Guadalajara, certes suffisante pour la qualifier aux Masters. Malgré des hauts et des bas, l'essentiel était fait : Caroline Garcia effectuait un retour fracassant dans le top 10 mondial, retrouvant ainsi son niveau q'il y a cinq ans, alors qu'elle était au fond du trou en début d'année.
C'est dans l'ambiance feutrée, pour ne pas dire glauque et digne d'un huis clos, devant des tribunes hélas souvent clairsemées de la Dickies Arena de Fort Worth, au Texas, que la numéro une française a parachevé une œuvre unique en son genre, nous faisant passer par toutes les émotions. En effet, ce sont toutes les facettes de Caroline Garcia que nous avons vues tout au long de la semaine. Une Caroline appliquée et concentrée lors de son premier match de poules face à l'américaine Coco Gauff ; une Caroline mortifiée, impuissante et quasi fantomatique face à Iga Swiatek ; une Caroline forte et fragile à la fois dans un match couperet face à la talentueuse Daria Kasatkina ; une Caroline impitoyable, muée en une sorte de terminator implacable et indestructible en demi-finales face à la redoutable Maria Sakkari. Jusqu'à cette finale où le terme de violence a pris tout son sens, rythmée par des échanges monstrueux, des frappes si fortes que les balles venaient s'écraser sur les tamis. Une heure et quarante minutes d'une épreuve de force que la biélorusse Aryna Sabalenka, fidèle à sa réputation de cogneuse (mais néanmoins joueuse fort sympathique), voulait pousser jusqu'à l'extrême. C'était sans compter sur la détermination de la lyonnaise rugissante à ne pas reculer, à dicter l'échange en étant très régulière au service (c'était là sa force du jour, à n'être que très rarement lâchée par sa première balle). Et même si la française a parfois reculé face à la puissance adverse, ce n'était que pour mieux surgir sur les coups suivants, en surprenant ainsi à plusieurs reprises l'adversaire, grâce notamment à une excellente couverture du terrain et une parfaite condition physique (alors qu'on aurait plus craindre le pire après son match à rallonge contre Kasatkina, d'autant plus qu'elle n'avait pas bénéficié de jour de récupération entre son dernier match de poule et la demi-finale). Au bout d'un ultime échange, Garcia voit alors la balle s'envoler en dehors du court pour aller mourir derrière la ligne. Elle peut alors laisser la joie l'envahir en devenant la seconde française à remporter le championnat WTA, dix-sept ans après Amélie Mauresmo.
Soyons clair : un championnat WTA n'est pas rien. C'est la consécration suprême après les tournois du Grand Chelem, c'est l'Everest du tennis féminin, l'équivalent d'un titre de championne du monde. C'est la récompense d'un long, rigoureux et éprouvant travail, tout au long d'une saison éreintante, souvent au prix de lourds sacrifices. Quand on voit le parcours chaotique accompli par Caroline Garcia qui, rappelons-le, est arrivée au Texas séparée de son entraîneur Bertrand Perret à quelques jours de l'événement, cela situe la performance hors du commun réalisée par cette joueuse qui sait ce qu'est la résilience. Que faire maintenant de cette victoire ? S'en servir bien sûr, la concrétiser, la valoriser pour que 2023 soit une année fastueuse pour celle qui pointe désormais à la quatrième place mondiale et qui affirmait suite à cette consécration qu'elle avait encore une marge de progression. En attendant, le temps de la récupération n'est pas pour maintenant. Direction Boulogne-sur-Mer le 11 novembre pour disputer un barrage crucial face aux Pays-Bas en Billie Jean King Cup, sans Kristina Mladenovic mais, avec Alizé Cornet Et Diane Parry. Il sera temps ensuite de penser à l'Open d'Australie qui va approcher très vite. Garcia sera-t-elle prête pour un nouveau combat ?
(crédit photo : Getty Images/Katelyn Mulcahy).

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