Cette semaine s'ouvre en Egypte la 27ème grand-messe diplomatique des pays signataires de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques suite au Sommet de la Terre de Rio de 1992 : la COP27.
Un événement qui ne va pas sans certaines contradictions, où figurent dans la liste des sponsors Coca-Cola ou Vodafone comme s'il s'agissait d'une Coupe du Monde et où affluent des centaines de jets privés alors que de nombreux militants bloquaient la veille le départ de 11 jets privés à l'aéroport d'Amsterdam
Quelle pertinence pour la COP27, alors que la COP26 s'est terminée sur un échec retentissant? Même l'optimisme de la COP21 - souvent considérée comme la plus réussie et la plus concluante - s'est sérieusement effrité compte tenu des engagements non respectés - y compris par la France elle-même, régulièrement condamnée pour cela.
Parmi les nombreuses difficultés autour de ce genre d'exercice diplomatique, 3 éléments sont de mauvais augure pour les débats qui s'annoncent. Le contexte énergétique d'abord, où les tensions économiques et géopolitiques ont relancé l'usage d'hydrocarbures très polluants, à l'opposé de ce qu'il faudrait faire pour la trajectoire climatique soulignant nos dépendances au fossile et le recours systématique aux vieilles pratiques. Le contexte géopolitique ensuite, avec des blocs chinois et américains notamment en tension, qui rend un accord multilatéral difficile. Le contexte économique Nord/ Sud enfin : la COP27 est hébergée en Egypte, sur le continent africain, et devrait, à raison, pousser le continent à demander des dédommagements aux pays du nord. Les émissions de ces derniers - aussi bien passées que contemporaines - pèsent lourd alors que les conséquences climatiques sont déjà - pas en 2030 ou en 2050 - particulièrement insoutenables sur place.
L'objectif de la COP21 - une trajectoire climatique sous les +2° et idéalement sous les +1,5° - semble déjà hors de portée, alors que ces dernières semaines, après un été historique, les experts confirment que la trajectoire engagée nous emmène très probablement vers un réchauffement à 2,5°. Si le pire n'est jamais certain, il se précise et c'est pourquoi malgré les doutes, espérons une issue ambitieuse qui nous oblige, et souhaitons bon courage à toutes celles et ceux qui, sur place et ailleurs, cherchent à œuvrer pour son succès.
Terminons sur une note plus optimiste: la transition écologique peut et doit se faire aussi avec une action locale, au plus près des gens et des territoires. Pas besoin de la COP pour cela. Celle-ci est surtout nécessaire pour continuer à chercher à convaincre ceux qui ne veulent pas que ça change, mais que cela ne nous empêche pas de continuer à agir, et même accélérer. Quelque soit l'issue, le temps médiatique étant ce qu'il est, elle risque de toute manière d'être rapidement éclipsée dans 3 semaines par un autre anachronisme, beaucoup plus scandaleux celui-ci : la Coupe du Monde au Qatar, justement.