En se concentrant, il parvient à maîtriser le ballon, quels que soient sa trajectoire, sa vitesse et son angle, s'assurant ainsi de ne jamais se faire battre. Voilà son secret. Depuis ses débuts, tardifs, au poste de gardien, il y a quatre ans, au sein de son équipe de quartier à Glasgow, le garçon n'a jamais encaissé un seul but. Jamais.
Le 16 août 1977, le jour même de la mort d'Elvis Presley, une rencontre amicale a lieu entre Liverpool et la Selecció de futbol de Catalunya, renforcée par des cadors du FC Barcelone, au centre d'entraînement de Melwood, devant une centaine de spectateurs.
Le garçon qui ne prenait jamais de but remplace Ray Clemence, au repos. C'est l'occasion pour le garçon, qui a été recommandé au coach de Liverpool, Bob Paisley, par son parrain, Jock, un agent de joueurs influent, de se distinguer dans une équipe nationale.
Parmi les cadors du Barça, le Néerlandais Johan Cruyff, le roi en personne, affronte, au cours de la partie, à plusieurs reprises, mais sans succès, le garçon, qui a tout lieu de croire qu'il sera considéré bientôt par le monde entier comme le meilleur portier de tous les temps.
Le roman de Joël Jenzer est le récit haletant, minute par minute, de cette rencontre oubliée, où, aux actions menées par les joueurs des deux équipes, se superposent les cogitations du garçon qui passe par des hauts et des bas, car son existence se joue également là.
Pendant le match une révélation en rapport avec son secret, puis une autre avec son parrain, ébranleront le garçon, qui aura à faire face à un dilemme cornélien. Comme tout homme, pour devenir adulte, le garçon devra alors faire le choix de la meilleure voie pour lui.
Francis Richard
L'homme qui ne prenait jamais de but, Joël Jenzer, 116 pages, Slatkine
NB
Joël Jenzer a contribué au collectif Gore de mer publié cette année par Gore des Alpes.