Nora est mariée depuis huit ans avec Torvald Helmer qui s'apprête à devenir directeur de banque. Son mari a tendance à l'infantiliser, et si jusqu'ici la jeune femme a accepté passivement cette situation, un enchainement de désagréments provoque un changement brutal ... Nora mûrit et comprend la nécessité de s'émanciper de ce couple néfaste qui l'enferme dans une "maison de poupées".
"Je n'y crois plus. Je crois que je suis avant tout un être humain, avec les mêmes droits que toi, ou que du moins je dois tâcher de l'être. Je sais que la majorité des hommes te donnera raison et, que ces idées sont imprimées dans les livres, mais maintenant je ne puis penser à ce que disent les hommes et à ce qu'ils impriment dans les livres. Je ne sais rien, mais je vais tout tirer de moi-même. Il faut que je forme moi-même mes idées là-dessus, et que j'essaye de m'en rendre compte.
Je vois aussi que les lois ne sont pas ce que je croyais, mais que ces lois soient justes, cela je ne puis l'admettre. Qu'une femme n'ait pas le droit d'éviter un souci à son vieux père moribond, et de sauver la vie à son mari, cela n'est pas possible. "
Nora aspire à d'éduquer par ses propres moyens pour devenir un être libre qui pourra alors seulement s'entretenir d'égal à égal avec un homme, au sein d'un couple. Mais la pièce n'est pas seulement une critique des rôles des hommes et des femmes dans le mariage, elle condamne plus largement toute situation d'enlisement dans le conformisme social. Réflexion sur l'asservissement consenti aux autres - par habitude, lassitude ou crainte - sur la contrainte et la servitude sociales - notamment au regard d'autrui et à la rumeur, Ibsen met en avant différentes dépendances aliénantes comme l'argent, le milieu social, l'hérédité ou encore cette morale des apparences, "skinnmoral" qui représente tout un ensemble d'attitudes superficielles et ostentatoires incarnées ici par Helmer.
En claquant la porte, Nora refuse désormais tout type de dépendance et, seule dans la nuit, s'éloigne vers elle-même...