"Le mieux qu'on pouvait espérer de la vie, si on suivait le mode d'emploi, c'était de devenir de bons consommateurs bien sages et bien gras, des Bidochons certifiés conformes qui regardent la télé pour oublier ce qu'ils voient à la télé. Notre destin c'était de ramer jusqu'au bout de nos forces, ramer, ramer sous les publicités pleines d'autos scintillantes, de pays exotiques et de femmes de luxe. Tristes de désirs inassouvis, on se sentait déjà finis, emballés, étiquetés, condamnés par les statistiques et les calculs des experts en avenir. Entre la vie flamboyante et cousue d'or qui s'affichait partout et notre existence au goût de cambouis, il y avait trop de décalage."
Le tigre, Saint-Croix, Chalouf et moi. Quatre jeunes gars pleins de révolte et non pas d'avenir, qui ne se font aucune illusion quant à ce qui les attend et qui tentent d'y échapper, le temps d'une virée. Marseille, ma ville, notre univers, notre pied-à-mer, un phare dans notre vie de misère. Et en parlant de misère je vous affirme qu'elle n'a rien de moins pénible au soleil. Au contraire, la chaleur aurait tendance à activer le processus. Certains quartiers transpirent leur mal-être, les oedeurs sont plus fortes, tout est…