L’actualité n’est pas vraiment marquée par une victoire des idées de libertés. La mondialisation est de plus en plus remise en cause du fait des restrictions liées au covid puis par les tensions et conflits avec la Chine et la Russie, tout comme l’absence de réformes dans nos pays. La démission de Liz Truss semble en outre avoir ravi les critiques du libéralisme (que beaucoup surnomment néolibéralisme, mot devenu fourre-tout).
Outre le fait qu’il y aurait des choses à redire sur le libéralisme de Liz Truss, il faut remarquer que ceux qui se réjouissent de la crise du libéralisme ne sont pas conscients des grands gagnants de ce petit jeu politique.
Car s’ils veulent la fin du libéralisme tel qu’on l’a connu, alors ils vont être servis : les illibéraux ont le vent en poupe et sont bien partis pour occuper le paysage politique.
Pourtant, beaucoup de critiques du libéralisme et du soi-disant néolibéralisme se disent défenseurs de la démocratie libérale. Mais les choses ne se passent pas comme ils l’espèrent.
L’illibéralisme consolide son poids politique
2022 n’a pas été une année agréable pour les partis centristes au pouvoir.
En France, le parti d’Emmanuel Macron n’a pas réussi à avoir la majorité et a vu la montée en puissance de la France Insoumise et le retour du Rassemblement national à l’Assemblée. En Italie, le gouvernement de centre a perdu et a laissé place à une alliance de droite dirigée par les Frères d’Italie (qui il y a moins de 5 ans représentait moins de 5 %). La Suède gouverne désormais avec un gouvernement soutenu par la droite radicale des Démocrates Suédois.
En Amérique du Sud, ce sont des populistes de gauche qui ont remporté les élections : en Colombie, un président de gauche a été élu pour la première fois. L’année dernière, la gauche radicale a gagné les présidentielles au Chili. Et le Brésil va choisir ce dimanche entre la droite radicale de Bolsonaro, et celle aussi radicale de Lula.
Pendant ce temps, les illibéraux se maintiennent.
Dans les démocraties, Viktor Orban a été réélu avec une majorité absolue. Dans les régimes autoritaires, Xi Jinping vient de consolider son pouvoir suite au Congrès du parti communiste chinois. Quant à Vladimir Poutine, il arrive à se maintenir malgré les aléas du conflit en Ukraine.
L’alternative au libéralisme n’amènera pas plus de démocratie
Ces différents exemples montrent que la tendance n’est pas à davantage de démocratie.
Il est intéressant de remarquer que beaucoup de personnes se déclarant défenseurs de la démocratie libérale passent leur temps à critiquer le libéralisme jugé trop individualiste et trop capitaliste. À bien des égards elles souhaitent un libéralisme avec un État intervenant davantage, une forme de social-démocratie qui irait plus loin que le libéralisme au sens américain.
Sauf que la situation générale n’ira pas en leur faveur. Si le libéralisme disparait, ce seront des dirigeants illibéraux qui gagneront. Ce sont les valeurs de liberté et du capitalisme qui ont amené la prospérité et la puissance de l’Occident dont jouissent ses élites. Si ces dernières les mettent à bas, elles risquent de subir une montée populiste de grande ampleur.