À mon grand bonheur, le maître de l’épouvante délaisse donc le surnaturel afin de nous servir un roman noir qui tient en haleine de la première à la dernière page. Alors certes, ce scénario reprenant la trame du « job de trop », ce fameux « dernier coup » condamné à foirer, est assez classique et pourrait facilement se transformer en mauvais film interprété par Steven Seagal… sauf que c’est Stephen King (« 22/11/63 ») aux manettes. L’écrivain américain a non seulement l’art de planter une ambiance et de servir des personnages particulièrement attachants (même quand leur métier consiste à tuer des gens), il s’avère surtout un narrateur hors pair.
Le lecteur a d’ailleurs droit à deux conteurs pour le prix d’un car le personnage principal entrecoupe régulièrement le récit concocté par Stephen King pour nous raconter sa propre histoire, de cet événement marquant qui a bouleversé son enfance à ses années en tant que tireur d’élite durant la guerre en Irak. En imaginant un tueur à gages, aspirant écrivain et fan de Zola, Stephen King partage non seulement son amour pour l’écriture, mais également ses doutes concernant la pertinence de la guerre du Golfe ou son aversion envers le « trumpisme ».
Puis il y a cette jeune femme nommée Alice, qui vient vite confirmer notre attachement envers ce tueur à gages qui se targue d’avoir une éthique et qui transforme progressivement ce « dernier coup » en road-trip à travers les États-Unis. Malgré quelques clins d’œil à ses autres romans, tel que l’hôtel Overlook dans « The Shining », Stephen King livre donc un polar dépourvu de fantastique et d’horreur, rendant hommage à la littérature et étalant tout son talent de narrateur !
Si, comme moi, vous êtes allergique au surnaturel, mais adorez le roman noir à la R. J. Ellory, n’hésitez pas et foncez !
Billy Summers, Stephen King, Albin Michel, 560 p., 24,90 €
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