Laura Wild au Bar des Sports, Pléhédel, le 30 octobre 2022

Laura Wild au Bar des Sports, Pléhédel, le 30 octobre 2022

michel

Trois semaines après le concert mémorable au Barbe ( Plouha), Laura Wild vient rendre visite au Bar des Sports à Pléhédel, elle réside dans le coin, hébergée par un enfant de Marcel, (Vida) un client du troquet.

Un dimanche à 19h ( heure d'hiver) c'est parfait, madame te verra encore avant l'heure du lit.

Oui, mais, il y a les impondérables....

Le premier à 18:55', le patron s'inquiète, pas de Laura en vue, coup de fil, panique pas Jojo, j'arrive dans trois minutes.

Un tabouret dans un coin, une guitare folk, une enceinte servant de table de mixage, et Laura: grande et belle, malgré une apparente lassitude, cernes sous les yeux et regard absent!

Yann, un des patrons du Barbe, l'a remarqué aussi.

Plus besoin de présenter la sauvageonne ( tu lis ici http://www.concertmonkey.be/reports/laura-wild-au-barbe-plouha-le-7-octobre-2022), pas de setlist à ses pieds ce soir, le répertoire sera légèrement remanié, autre différence, le public, il était vachement plus dissipé dans ce village où les locaux boivent sec et à profusion.

Le brouhaha n'a pas énormément gêné une artiste qui a le sens de la communication et de la répartie, donc en ce dernier dimanche d'octobre, on bosse à l'inspiration , guidée par les réactions des pieux paroissiens du patelin.

Elle annonce, on commence par un classique folk, mais, non, Corinne, je ne suis pas la Céline Dion de Pléhédel, je bois une gorgée de vin blanc et on vous emballe ' The Boxer' de Simon & Garfunkel.

Le charme opère d'emblée, la voix claire fait mouche, le poor boy va -t-il survivre à la solitude et à la pauvreté, mais si, the fighter still remains,..

Elle embraye sur Johnny Cash, ' I walk the line', comme à Plouha elle s'approprie le titre, pas question de deep bass- baritone voice, elle n'a pas le physique de l'emploi, mais la chanson ne perd rien de sa force de frappe.

Elle poursuit en français avec le titre profond et émouvant ' Le coeur battant' qu'elle emprunte à Eva, avant de prendre son baluchon pour se diriger vers les Pyrénées.

Le chant occitan narrant l'histoire du berger, dont toutes les filles sont amoureuses mais qui craque pour la femme infidèle, vient chatouiller nos viscères, même les clients les plus bruyants ont baissé le ton.

Claque suivante, Jacques Brel "Pourquoi faut-il que les hommes s'ennuient ?", ... elle a le truc pour jouer avec nos cœurs, nos pauvres cœurs.... Miss Laura Circé Wild.

Palabres amorcés par un baratineur venu d'un bled voisin, le grand débat sur la chanson française, Bashung, Brel, Brassens, Ferré, Ferrat, Gainsbourg, Barbara, Moustaki, Catherine Sauvage... tourne court lorsqu'un comique lance Kendji Girac, Laura ( rien à voir avec Johnny) reprend le fil pour proposer une de ses compositions, ' Chambre Blanche' .

Elle n'apprécie pas trop de jouer ses propres chansons en concert, elle a tort, ' Chambre Blanche' est de la même veine que les chansons d' Anne Sylvestre.

Comme à Plouha, elle soumet Brassens chantant Villon, 'La Ballade des dames du temps jadis'.

Intervention de l'ex-adjoint au maire de Pludual.... un des deux troussait les moines,.. personne n'a réagi ,sauf Booba qui a marmonné ...Quand je serai grand, je voudrais être Benalla ou moine pédophile...

Vous avez eu Brel et Brassens, Ferré je n'ose pas! Du coup les requêtes fusent, Barbara?

Je veux bien essayer.

Bien aidée par un évangéliste, souffleur à ses heures perdues, elle se mesure à ' Dis quand reviendras-tu?' .

La seconde tentative était la bonne, Yvon a failli pleurer.

J'ai mis du temps à apprécier la mer, là, ça va, la Bretagne m'a aidée, voici le chant de lutte et révolution 'Je suis fils' de Corrigan Fest.

Vida l'accompagne aux percussions, imité par quelques marins battant la mesure en tabassant la table de leurs paumes rugueuses.

Pause ( vin blanc), le fils de Marcel prend le relais et nous emmène à la pointe de Kermarec pour danser dans le vent avec la fille du cordonnier de Guingamp, avant de reprendre Bourvil et Barcella (Ma Douce).

La seconde mi-temps débute avec le chant de marin ' Les filles de Lorient' et pour rester près de la mer, avec B B ' Une histoire de plage'.

Après avoir bronzé près de La Madrague et comparé Brigitte et Nabila , on peut passer à la suite du menu, voici la première chanson que j'ai écrite, une chanson d'amour pour un inconnu.

Les Stones chantaient les ' Dead Flowers', Dolly Parton ( qui connait?) Laura, pas d'insultes s v p , chante les ' Wildflowers' .

Pludual est déchaîné...bla bla bla.... et ...bla bla bla... quoi, Yvon, tu vas le frapper, reste assis et bois un coup!

Pléhédel, voici la dernière: un texte, murmuré, d'une grâce immatérielle dont elle n'a malheureusement pas révélé le titre.

Encore ébranlé par la voix limpide et la poésie pure, le bar veut son bis, ce sera ' La Novia' un chant traditionnel occitan , chanté lors des noces.

T'en va pas comme ça, Laura ( merci Nancy Holloway),.

OK, uniquement si Yann, le pandapendu barbu, m'accompagne.

Et c'est parti pour un duo en kan ha diskan à faire pâlir les Frères Morvan.

Et une dernière après le Fest Noz improvisé, a capella, le traditionnel ' Blanche comme la neige' a ému tous les capitaines et les matelots, sauf Loïc qui se soulageait aux latrines, après avoir absorbé 18 Kronenbourg.

Laura au comptoir a refilé sa guitare à Pierre, un brave gars, inconnu au bataillon, mais vachement doué.

Après avoir interprété pertinemment ' Don't think twice, it's alright' de Dylan, il poursuit en français, une chanson de voyage précède le superbe ' La ligne Holworth' de Graeme Allwright, il termine par 'Diamonds on the Inside' de Ben Harper.

Chapeau, mec.

Le boeuf se poursuit, c'est Diva, le fils de Marcel, qui remplace le fils de Jésus, Aznavour ' La Bohème' et Pierre Bachelet ' Les Corons' sont passés par là.

Yvon t'a proposé un dernier verre, t'as pas pu refuser, t'as cessé d'écouter.

Puis Yvon s'est tiré, t'as voulu payer un verre à la plus sauvage, en devisant elle m'a dit ( non, pas d'aller siffler sur la colline) d'écouter un chanteur suisse dont tu n'as pas retenu le nom, elle le déniche sur sa tablette, écoute, c'est beau, non, c'était beau!

Il n'y a pas grand chose chez les Helvètes, ajoute la fille, tu l'as interrompue, t'as répertorié Eicher, Sophie Hunger, Sandor , Emilie Zoé... On a bifurqué vers Arno, Annegarn et Cohen, j'adore, elle a dit.

Elle a éclusé un dernier ballon , a ajouté, je me tire, tu m'aides à fourguer mon matos dans la caisse.

Tu pouvais pas refuser.

Elle est partie en quête de nouveaux voyages, de nouvelles aventures, d'autres rencontres éphémères.

Chacun sa route, a dit un gars.

Toi, tu commençais tout juste à l'aimer!

T'avais encore une petite soif et pourtant t'avais dépassé ta dose, oh, pas 16, ni 64, alors t'es resté coller avec les irréductibles dont le moteur tourne au cognac, au calva ou à l'Amer Picon.

Le patron s'est mis à déposer les chaises sur les tables, c'était l'heure de quitter l'auberge, des jeunes nichant dans ta rue t'ont proposé de les suivre en boîte, tu t'es désisté prétextant avoir oublié ta carte d'identité chez toi.

Pas sûr que le videur me laisse entrer dans la discothèque, il faut 18 ans, non?

Et seul dans la nuit hostile, tu as regagné ta cabane ( pas celle du Canada)!