" La résurrection est une idée toute naturelle ; il n'est pas plus étonnant de naître deux fois qu'une. " (Voltaire).
Comme les sondages le laissaient prévoir, le second tour de l'élection présidentielle qui s'est déroulée ce dimanche 30 octobre 2022 au Brésil a été très serré pour les plus de 156 millions d'électeurs que compte le grand peuple d'Amérique latine.
Brésil 2022 : grande incertitude électorale.
Au Brésil, le choc des titans...
Le vote est obligatoire selon l'âge (les plus âgés sont exonérés de l'obligation), ce qui permet une forte participation (qui n'est donc qu'artificielle). En revanche, la passion entre les deux camps n'était pas artificielle et c'est pour cela qu'il y a eu peu de bulletins blancs ou nuls. Par ailleurs, le vote se faisait de manière électronique (j'ai déjà écrit ce que je pensais d'une telle méthode). Le vote électronique a de nombreux défauts sur la transparence, la garantie, pour chaque citoyen, sans compétence informatique, que le vote est sincère et secret, mais il a au moins un avantage, la rapidité du dépouillement.
Durant plusieurs heures, c'était le site du Tribunal supérieur électoral (TSE) qui a communiqué l'état des totaux en fonction de la part prise en compte des bulletins. À un moment donné, il y avait moins de 700 000 voix d'écart, ce qui, sur plus de 120 millions de voix, était un écart très faible de quelques dixièmes de pourcent. Mais comme les zones où Jair Bolsonaro était le plus populaire ont été dépouillées les premières, la courte avance qu'avait acquise son concurrent Luiz Inacio Lula da Silva ne pouvait que s'accroître au fil des résultats.
C'est ce qui s'est passé et peu avant 20 heures, heure locale (minuit, heure de Paris), même si les bureaux de vote n'avaient pas encore été tous comptabilisés (seulement 98,9% des bulletins), l'élection de Lula était mathématiquement acquise en raison de la différence de voix. La fin du dépouillement a eu lieu au-delà de 22 heures 30, avec plus de 2 millions de voix d'écart, ce qui reste une courte avance (de moins de 2% des suffrages).
À 22 heures 29, sur plus de 99,99% des bulletins dépouillés, Lula est arrivé en tête avec 60 344 845 voix, soit 50,90% des voix, face à Jair Bolsonaro 58 205 521 voix, soit 49,10% des voix. Sur les 124 250 767 bulletins dépouillés, 3,16% ont été comptabilisés parmi les blancs et les nuls.
À minuit heures 18, la totalité des bulletins ont été dépouillés. Sur 125 252 796, Lula est arrivé en tête avec 60 345 999 voix, soit 50,90% des voix, face à Jair Bolsonaro 58 206 354 voix, soit 49,10% des voix. Un peu plus de 2,1 millions de voix les séparent.
Ouvrier à 14 ans, figure du syndicalisme brésilien, président du Parti des travailleurs du 10 février 1980 au 15 novembre 1994, député de Sao Paolo de février 1987 à février 1991, Lula a été élu Président de la République fédérative du Brésil le 27 octobre 2002, réélu le 29 octobre 2006, en exercice du 1 er janvier 2003 au 1 er janvier 2011. Et il fait donc son grand retour au pouvoir en se faisant réélire ce 30 octobre 2022, son mandat de quatre ans commencera le 1 er janvier 2023. Il y a trois jours, Lula venait de fêter son 77 e anniversaire, ce qui est très âgé (mais plus jeune que Joe Biden de trois ans).
La grande question, très immédiatement, est le comportement de son rival et Président sortant Jair Bolsonaro : va-t-il reconnaître sa défaite ou donnera-t-il dans le trumpisme électoral ? Si l'élection a été serrée, l'écart en voix est quand même important, plus de 2 millions d'électeurs, et pour contester sa défaite électorale, il lui faudra démontrer que plus d'un million d'électeurs auraient pu changer leur vote, ce n'est pas une mince affaire juridique.
D'un point de vue politique, il n'est pas sûr que ce soit l'intérêt de Jair Bolsonaro de contester la victoire de Lula : en effet, son parti est arrivé en tête le 2 octobre 2022, ce qui signifie que l'influence politique de Bolsonaro restera importante au sein du Parlement brésilien. S'il souhaite reprendre sa revanche en 2026, face à un Président sortant qui sera probablement un vieillard, il aura intérêt à ne pas hypothéquer ses chances en ne reconnaissant pas la légalité électorale.
La tâche de Lula va être immense, la première sera de réunifier le pays profondément divisé en tentant la réconciliation. Mais celle-ci semble déjà mission impossible !...
Aussi sur le blog.
Sylvain Rakotoarison (30 octobre 2022)
http://www.rakotoarison.eu
Pour aller plus loin :
Luiz Inacio Lula da Silva.
Jair Bolsonaro.
Carlos Ghosn.
https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20221030-lula.html
https://www.agoravox.fr/actualites/international/article/bresil-2022-lula-de-retour-sur-le-244665
http://rakotoarison.canalblog.com/archives/2022/10/29/39687666.html