L'actualité du samedi 29 octobre est rouge comme la longue période de sécheresse qui n'en finit pas, accentuée par des températures anormalement élevées pour une fin octobre : 25 degrés prévus sous les nuages à Ste Soline, entre Poitiers et Saintes, où cristallise aujourd'hui un pic de tensions autour de l'irrigation de masse dont dépend l'agriculture intensive de maïs de la région. Les méga bassines, retenues d'eau artificielles dont celle en question totalisera 720.000 mètres cubes d'eau sur plus de 10 hectares, sont au coeur d'une contestation croissante qui aujourd'hui entre dans une phase nouvelle d'insurrection, utilisant toutes les techniques de contournement des décisions préfectorales qui interdisent le rassemblement organisé par le collectif "Bassines Non merci". Dès vendredi en effet, les militants s'étaient rassemblés sur un campement privé à proximité de la bassine, avant que le couperet de l'interdiction ne soit prononcé officiellement vendredi soir 20 h (Source : Nouvelle république.fr)
Une contestation justifiée par des financement publics sans contrepartie
Dans un article du 25 oct, la Tribune détaille l'étendue des financements publics qui ont permis de creuser, sécuriser et poser les tuyaux d'alimentation de ces piscines (taille de 260 piscines olympiques pour Ste Soline), au total 16 retenues sur l'ensemble du projet géré par la Coopérative de l'eau des 2 sèvres :
Soutenu par l'État, ce projet coûterait au minimum 60 millions d'euros, financé à 70% par des subventions publiques. Le chantier de la réserve d'eau de Sainte-Soline a démarré début octobre. Une première est déjà construite à Mauzé-sur-le-Mignon.
70% de subventions publiques c'est un petit cadeau qui devait en échange inciter les bénéficiaires, une minorité active de 230 exploitations sur les milliers que comptent les 4 départements concernés, à s'orienter vers une agriculture plus propre. Petit calcul rapide, 70% de 60 millions, ça fait grosso modo 42 millions, divisés par 215 , ça donne une modeste subvention de près de 200 000 balles. Avec ça on lancerait pas mal d'exploitations rentables en agriculture maraîchère biologique non ? Bon si les 215 heureux gagnants de ce loto un peu pipé passaient à l'action dans le bon sens, on pourrait les pardonner un peu, et ça fait quand même 20 ans qu'on en parle. Mais de ce coté là rien n'a progressé , dénoncent les détracteurs de ce projet pharaonique, ce que confirme ce même article de La Tribune :
réduction de moitié des pesticides, plantation d'une centaine de kilomètres de haies et conversion à l'agro-écologie dans les cinq ans qui suivront. [...] . Les services de l'État se sont engagés à visiter régulièrement chaque exploitation, avec réduction des quotas d'eau pour les mauvais élèves, selon la préfecture des Deux-Sèvres. À condition de jouer le jeu. Sur dix agriculteurs utilisant la première retenue, « aucun n'a souscrit de réduction de pesticides », relève Vincent Bretagnolle, spécialiste d'agro-écologie au CNRS à Chizé (Deux-Sèvres) et membre du comité scientifique et technique de suivi (CST) du projet, cité par l'AFP. Et depuis la signature, plusieurs associations se sont retirées du protocole.
FACT CHECKING
- Collectif Bassines non merci :
- Coopéerative de l'eau : FAQ un peu biaisée qui considère en préambule que 230 exploitations ne sont pas une minorité !!
- Reporterre : tribune de 150 signataires contre les méga bassines
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