Syracuse, une des villes mythiques de la Grèce Antique, où est né et décédé Archimède, un grand mathématicien (et oui, la citation célèbre sur le levier, c'était lui!)
Oui, je sais, ce n'est pas en Grèce - pas comme on l'entend aujourd'hui - mais n'est-ce pas Ciceron lui-même qui qualifiait Syracuse de «Plus belle ville Grecque»?
Me retrouver à Syracuse est donc un peu émouvant pour moi. À part de visiter la vieille partie de la ville - la presqu'ile d'Ortigia où nous sommes hébergés - une des visites incontournables à faire ici est tout le secteur archéologique de Neapolis; qui comporte son lot de vestiges grecs et romains.
Je m'attendais donc à quelques ruines de fondations grecques, éventuellement le célèbre théâtre antique que l'on disait le plus grand de la Sicile, puis des restes de l'époque romaine de Syracuse.Or, le site de Neapolis s'avère bien plus étendu que ce que j'avais cru, et plus intéressant encore que ce que j'avais espéré. L'ensemble du site est une des visites les plus agréables que j'ai pu faire en Italie cette année, et certainement le lieu le plus intéressant à visiter en Sicile pour ce voyageur-ci, par sa diversité, ses vestiges et l'étendu et l'ambiance du lieu.
Neapolis comporte non seulement des ruines grecques et romaines, mais aussi des grottes et cavernes issues des carrières de pierres que les civilisations de l'antiquités avaient exploitées pour y ériger leurs monuments quasi éternels.
Les deux photos ci-dessus et ci-contre montrent justement l'impressionnante hauteur de ces carrières et grottes.
Cette entrée de caverne est appelée "Oreille de Dionysos", à la fois pour sa forme et l'acoustique qui y règne... mais j'ai lu quelque part que c'était aussi parce que la grotte aurait servi de prison aux ennemis de Dionysios le tyran, qui régnait alors sur Syracuse...
Suze dans l'oreille de Dionysos.
Via dei Sepolcri, je me trouve dans une des nombreuses cavernes et alcôves creusées dans le roc et qui ont déjà servi à un culte à l'époque grecque - probablement celui du demi-Dieu Eroi (?). Le nom de la via évoque aussi des sépultures... (? bis).
On imagine que même si l'ensemble a été creusé pour les pierres pour construire les édifices de l'époque, certaines niches, alcôves et autels ont été érigés du même coup à diverses déités. Le site de Neapolis manque un peu d'information à cet effet - certains sites en débordent, et tout lire ne laisserait pas le temps de visiter, mais Neapolis n'a pas réellement d'info sur le site lui-même.
La via dei Sepolcri se trouve directement en haut de la ville, donc au-dessus de la colline où se trouve le très grand théâtre grec. (Les grecs "creusaient" leurs théâtres directement dans les montagnes et y aménageaient les gradins et la scène en contrebas).
Contrairement à celui de Taormina, le théâtre de Syracuse n'a jamais été modifié par les romains. (Ici, j'ai demandé à Suze de poser pour la photo, qui donne une idée de l'échelle, encore une fois).
En fait, après la conquête de Syracuse par Rome, la ville a été un peu laissée à elle-même, considérée simplement comme capitale provinciale de la Sicile. Ce ne serait que sous Auguste que les romains y auraient érigés de nouvelles constructions.
Vue semi-panoramique du théâtre grec de Syracuse, capté du niveau médian.
Il n'y rien comme des ruines de l'antiquité pour rencontrer des lézards qui profitent de ces vieilles pierres pour faire le plein de chaleur ;-)
Rome, donc, sous Auguste, fait finalement ériger divers édifices, dont un amphithéâtre pour les jeux et les combats de gladiateurs.
L'amphithéâtre romain de Neapolis n'est peut-être pas le mieux conservé des vestiges de l'empire romain (on pense évidemment au Colisée de Rome, mais aussi aux arènes d'Arles, de Verona, de Nîmes et de Pula), mais il demeure dans un état fort respectable et assez spectaculaire à visiter - d'autant plus que le site est ainsi conçu qu'il permet au visiteur d'en faire un tour complet. Ici, on distingue clairement les sections de gradins, un couloir d'accès et la fosse au centre.
Vue d'ensemble des vestiges de l'amphithéâtre romain de Syracuse. En plus des gradins, de la forme ovale, de la structure d'accès, on peut aussi voir sur cette photo le portique (à gauche) qui forme le couloir sous un niveau de gradins. Tout ça montre que nos amphithéâtres modernes n'ont fait que copier ce modèle vieux de 2000 ans.
Plus loin sur le site de Neapolis, on peut voir les vestiges d'un autel grec, ainsi que d'autres carrières dont certaines (sans constituer des grottes) sont particulièrement impressionnantes.
La carte du site - ainsi que les guides - parlent abondamment du tombeau d'Archimède. Il y a même une indication pour s'y rendre, indiquant clairement Tomba di Archimede, avec des signes et flèches guidant le visiteur vers cette nécropole de l'époque romaine... Ayant étudié les mathématiques, je ne pouvais pas passer à côté de tombeau...
... mais en réalité, à part se trouver en bordure du site archéologique - donc à côté d'une rue achalandée et de bâtiments aussi modernes que quelconques - on y trouve surtout cet hilarante enseigne (ma traduction): « "Tombe d'Archimède", Tombe de l'ère romaine incorrectement considérée comme le lieu où est enseveli le célèbre scientifique de Syracuse ».
Le "Tomba di Archimede" est entre guillemets, uniquement sur cette enseigne nous mentionnant que ce lieu n'est justement pas la tombe du mathématicien! Nulle part ailleurs, ni dans les guides ni sur la carte du site, où apparaissent ces mentions, on n'utilise les guillemets ni ne mentionne que ce n'est pas la tombe d'Archimède qui est là. Très amusant :-).
Heureusement, la nécropole romaine elle-même vaut le détour, et le sentier pour s'y rendre est particulièrement intéressant, nous faisant admirer un ficus centenaire gigantesque, en plus de nous faire traverser des carrières fascinantes.
Je termine donc sur cette photo, d'un pic de pierre calcaire, accompagné d'un des nombreux citronniers et orangers du parc de Neapolis de Syracuse - un des secteurs porte même aujourd'hui le nom de "Carrière du Paradis" à cause des nombreux arbres fruitiers qui y ont été plantés pour évoquer le paradis.
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