Le narrateur de ce roman livré à la première personne est un poilu dont on ignore le nom, qui, après avoir perdu quatre années de sa vie, sa main gauche et de nombreux compagnons d’armes dans l’enfer de 14-18, nous ramène sur le champ de bataille, à la recherche de pistes permettant de retrouver les nombreux disparus de la guerre. Une recherche de témoignages qui nous ramène dans les tranchées, entouré de corps mutilés, de sang, de boue et d’explosions…un massacre dont certains sont revenus, mais jamais indemnes… hantés à jamais par l’horreur de la première guerre mondiale.
Heureusement, au milieu de cette boucherie sans nom, l’enquêteur découvre qu’Émile Joplain était un poète qui écrivait chaque jour à sa bien-aimée, une paysanne alsacienne qu’il avait juré d’épouser après la guerre. Cette magnifique histoire d’amour, aussi grande que la guerre qui la dévore, apporte un brin de lumière au cœur des ténèbres… à l’image de cette « Fille de la Lune », apparition onirique, venue réconforter les soldats tombés dans le « no man’s land »… un peu de poésie dans ce monde de brutes !
Celui qui parvient à distiller cette beauté au cœur de l’horreur, d’une plume poétique et délicate, parsemant son récit de personnages attachants aux noms particulièrement musicaux, se nomme Gilles Marchand. Un auteur lourdement armé de mots qui font toujours mouche, rendant hommage à cette génération sacrifiée sur l’autel de la guerre, tout en invitant à réfléchir sur certaines aberrations de ce conflit, dont le sort des alsaciens…
Le soldat désaccordé, Gilles Marchand, Aux Forges de Vulcain, 207 p., 18 €
Elles/ils en parlent également : Kitty, Anthony, Audrey, Alexandre, Lily, Christophe, Aurélie, Olivia, Céline, Pierre, Patricia, Serial lectrice, Yoda Bor, La page qui marque, Nicole
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