Avoir un peu plus de quinze ans en 1964 et découvrir À bout de souffle de Jean-Luc Godard, à Lyon, dans une salle minuscule d’une MJC en chantier. Expérience exceptionnelle pour Anne. La vie était là, sur l’écran, plus vivante que la vie. Les quatre années qui suivent sont celles des révoltes, des découvertes, des audaces. Ponctuées par des phrases extraites de films de Jean-Luc Godard, de ces phrases qui donnent du sens à ce qu’on vit. Jamais une émotion n’aura été plus forte. Le cinéma, le théâtre, voilà ce qui importe. Et l’amour, et la musique. Une vie impatiente, Des amies, des amours. Arrive 1969 : « On marche sur la Lune ! » Le monde ne sera plus jamais pareil. Les amies aimeraient y croire. La mort de Franco ? « Les morts, c’est pas pour nous ». Elles vont jouer sur scène un trio. Un peu plus tard, la chute du mur de Berlin et la fatwa contre Salman Rushdie : « Le mur de Berlin d’un côté, une fatwa de l’autre, quelle bascule en effet ! » L’amitié résiste. Même après la mort. Le livre s'arrête en 2014. Ils auront passé vite, ces cinquante ans. Et les films de Godard demeurent « ses amis d’adolescence, ses musées, ses galeries d’art, ses bibliothèques, son histoire du cinéma ».