Le journal Le Monde a raison de s’indigner. L’exploitation politique de l’assassinat de la jeune Lola, adolescente tuée dans des circonstances encore confuses mais bien réelles par une femme, de nationalité algérienne, sous le coup d’une OQTF (obligation de quitter le territoire) est répugnante. Il n’est pas question, ici, de se lancer dans une analyse que seuls des experts qualifiés pourront étayer pour connaître les causes et le déroulement de cette tragédie. Mais que les Ciotti, Zemmour, Le Pen, et autres Bardella, s’en donnent à cœur joie pour faire de ce fait divers un élément de leur campagne électorale ancienne mais constante est tout simplement odieux.
On savait Zemmour incorrigible. On connaissait les penchants racialistes de la droite extrême et de l’extrême droite. Leur opposition absolue et permanente au Président de la République et au gouvernement les aveugle. Car s’il existe bien un problème migratoire, il est mondial. Les déplacés par la guerre, la faim, la recherche d’une vie meilleure, seront de plus en plus nombreux et sur tous les continents. L’Europe occidentale et la France « ne pourront accueillir toute la misère du monde mais devront prendre toute leur part. » (1).
J’entendais hier soir sur la 5 le jeune coq Bardella affirmer que si le RN était au pouvoir, les étrangers frappés d’une OQTS seraient dans l’avion dans le quart d’heure suivant son arrivée aux rênes du gouvernement. Paroles, paroles…On a même assisté à un rétropédalage en règle de Marine Le Pen qui avait prévu d’assister (avec ses député(e) à la manifestation organisée par Zemmour et qui finalement a préféré se faire plus discrète suite aux souhaits émis par la famille de Lola désireuse d’éviter toute récupération politique. La salle des pas perdus de l’Assemblée nationale a pourtant brui de ces clameurs protestataires faisant fi de la douleur de la famille de Lola et cherchant des voix à bon marché.
On compte environ 100 000 OQTF par an. Seules 15 à 17 % d’entre elles sont effectives. Ce n’est pas que la France est plus molle, plus laxiste que d’autres. Les pays d’accueil refusent de délivrer les laisser passer consulaires indispensables pour pénétrer sur leur territoire. Et comme les renvoyés sont soit délinquants, soit prosélytes, soit sans formation, les gouvernements refusent de récupérer leurs ressortissants. C’est un fait regrettable mais c’est la réalité. Hurler avec les loups ne fait pas une politique. L’embardée de Bardella donne une idée assez précise de ce qui attend notre fragile démocratie. Le peuple ferait bien d’y regarder à deux fois avant de lui confier un jour le pouvoir.
(1) De la citation de Michel Rocard, on ne retient souvent que la première moitié de la phrase.