Les poèmes de Martin Page surprennent, accrochent, parlent au présent, parlent aux présent.e.s. Il y a le monde et il y a « moi ». Moi et la vaisselle, moi qui fais partie des gens, moi qui travaille « à faire naître / d’autres verbes / pour libérer / les mots / pour nous libérer ». Et le monde qui se fout « des enfants (qui) pleurent dans leur lit », le monde avec qui « on ne peut pas faire autrement / que de / composer », le monde « je te prie de t’accrocher à tes soudures ».
C’est un livre qu’il faut lire intégralement. Ne pas s’arrêter au « papier cadeau ». Lire les remerciements. Oui, la plupart des livres aujourd’hui se terminent ainsi. Et Martin Page est très clair à ce propos : « un artiste n’est jamais seul, il émerge d’une communauté. Toute singularité est portée par la multitude ». Alors ses remerciements vont à ses proches, bien sûr, mais aussi aux poètes qu’il a lus, les mort.e.s et les vivant.e.s, à son père dont les oeuvres ont été jetées par des huissiers dans une benne à ordures, et à tant d’autres, nommé.e.s, cité.e.s, et aux lieux de l’écriture et aux gens de la maison d’édition.
Il faut tout lire.