Vous remarquerez malgré tout l’originalité des situations, la diversité des propositions, le côté acrobatique des positions, le soin des éclairages. Je ne vous souhaite qu’une chose, c’est avoir accès à cette performance, qui va partir en tournée, sans nul doute pour longtemps.
Ils ont fait appel à ce qu’on nomme des "regards extérieurs" pour aller plus loin dans leurs recherches. Ainsi Guillaume Martinet a travaillé avec Éric Longequel qui évolue dans l’aquarium. J’avais découvert Guillaume dans Croûte au ParisOFFestival il y a quelques semaines.
Dans une première partie, qui à elle seule représente 5 spectacles qui se déroulent concomitamment, le spectateur est invité à se déplacer à son gré d’une scène à l’autre pour suivre 40 minutes de performance aux allures de happening.
Il va d’une cage à une autre, un peu comme il s’attarderait devant un animal sauvage. Cette comparaison est dérangeante, car on sait que le cirque est remis en cause dans cette pratique de la ménagerie. De la même façon qu’il n’est plus acceptable d’exhiber des monstres de foire. C’est pourtant ce parti-pris que les deux directeurs artistiques, Éric Longequel et Johan Swartvagher, ont choisi de décliner. Et ça fonctionne à la perfection. Tout ira bien, du début à la fin.
La chanteuse-bonimenteuse Solène Garnier relance régulièrement l’attention du public en l’incitant à aller voir "ailleurs" ce qui est en train de se dérouler mais chacun est prévenu dès le départ qu’il ne pourra pas tout voir. Il faut donc accepter la frustration, côté public, comme côté artistes, car même si chacun fut intensément applaudi et félicité à la fin de sa prestation ils auraient mérité une ovation plus forte pour ce qu’ils font dans la première partie. J’ai été bluffée particulièrement par Éric Longequel dans l’aquarium et par Émilia Taurisano dans le dispositif Shibari.
Les fauves d'Eric Longequel et Johan SwartvagherCréation de la Compagnie Ea EoA l'Espace Cirque d'Antony (rue Georges Suant 92160 Antony) du 30 septembre 2022 au 16 octobre 2022Avec Eric Longequel, Neta Oren, Wes Peden, Johan Swartvagher, Emilia TaurisanoMusique Live : Solène GarnierCréation Lumière : Jules Guerin
Suivre le lien pour découvrir les meilleurs moments de cette première mondial composée de numéros de jonglage inédits :Première partie :Nous sommes invités à déambuler à notre rythme. Disons que la balle est dans notre camp. Commençons dehors, dans l'espace dénommé belvédère d'où le public suit les harangues de Johan Swartvagher, à peine troublé par les passages inopinés des promeneurs de tous poils, et qui nous excite en promettant de gros jonglages.
Pourtant, pour le spécialiste du maniement de la corde c'est une pratique artistique et spirituelle où l’homme communique avec son modèle, qu’il s’agisse d’une jeune femme nue ou d’un arbre centenaire. Le terme shibari (縛り) signifie "attaché, lié" en Japonais. Il décrit aussi l’art de ficeler les colis. Les samouraïs se sont servis les premiers de la corde pour capturer leurs ennemis. C’était alors un véritable art martial. Cette pratique s’est arrêté avec la fin des samouraïs. Seul un théâtre (kabuki) a continué à pratiquer l’attache de personnes afin de reproduire les histoires de batailles et de prisonniers. Puis quelques artistes ont revisité cet art et leurs publications ont permis de le repopulariser dans les années 50.