Georgie

Publié le 13 août 2008 par Jfa

Le conflit semble maintenant en voie de résolution et je pense qu’il faut essayer d’y voir un peu plus clair dans la profusion des proclamations et déclarations de tous bords.

1- Le Président Saakachvili a été élu démocratiquement, contre un reliquat de bureaucrates issus de l’ex-URSS qui truquaient les élections. Ceci dit, il n’a pu le faire que puissamment aidé par les USA, et notamment certaines officines-ONG que beaucoup estiment être les écrans des services spéciaux américains. Dès le départ, Saakachvili est apparu comme l’homme-lige des américains, souhaitant intégrer l’UE et l’OTAN. Rajoutons que, depuis, la Georgie ne s’est pas affirmée comme démocratie modèle ni exempte de corruption à grande échelle.

2- La Georgie est située à un carrefour géo-stratégiquement très sensible, une zone où pétrole et gaz (dont elle est à peu près dépourvue) peuvent passer en évitant le territoire russe pour approvisionner l’Ouest. La volonté US de contrôler toujours plus étroitement la production de pétrole des ex- républiques soviétiques, comme elle l’a fait, par d’autres moyens pour l’Irak et comme elle entend le faire pour l’Iran est la raison essentielle de l’intérêt des américains pour cette région. Lorsqu’on sait que les ressources pétrolifères assurent près de 80% du budget de l’état russe, on se dit que la Russie ne pouvait que voir d’un mauvais œil l’influence US grandissante dans cette région.

3- Séquelle de l’ex-URSS, et comme pour les pays baltes, il existe de fortes minorités russes et des populations pro-russes dans certaines enclaves georgiennes (notamment Abkhazie et Ossetie du Sud) qui, dès avant l’élection de Saakachvili avaient pris leurs distances avec le pouvoir georgien. La Russie, au nom de la défense de ses ressortissants, mais peut-être aussi en tant que moyen de contrôle de la Georgie, a toujours soutenu ces provinces sécessionnistes. Et c’est l’attaque militaire de la Georgie contre l’Ossetie du Sud qui a déclenché la réaction d’une Russie voulant aussi affirmer que cette région fait partie de sa zone d’influence. Dans cet embrouillamini ethnique, il va de soi que les seules solutions durables sont politiques et non militaires.

4- On a assisté au début de l’affaire, du moins dans les communiqués, à un alignement de la politique française sur celle de GW Bush, au détriment d’une politique plus équilibrée, dans la lignée du gaullisme. Cette position a heureusement évolué au cours des négociations dans lesquelles N. Sarkozy est intervenu en tant que Président provisoire de l’UE, et qui ont abouti, sur le terrain et dans les négociations, à un retour à la case départ, seule issue à laquelle pouvait souscrire la Russie, mais peu flatteur pour le président georgien qui risque d’en payer bientôt le prix politique.

Telles sont du moins les conclusions auxquelles j’en arrive en essayant d’y voir un peu plus clair.

Sur cet épisode georgien, j’ai apprécié l’article de Libé: “Moscou reste-t-il un partenaire crédible pour l’Occident ?”.