La Destinée manifeste, d'Éric Arlix (éd. imho)

La Destinée manifeste est une expression, apparue au milieu du 19e siècle, empruntée à « l’idéologie calviniste selon laquelle la nation américaine aurait pour mission divine l’expansion de la « civilisation » vers l’ouest ». On ne peut cependant pas prêter aux perruches à collier cette intention. Leur arrivée en Europe est liée aux pratiques humaines  : un container débarqué à Orly en 1974 d’où elles s’échappent, les cages dont on les libère, les mangeoires où elles trouvent de la nourriture. Elles ne sont pas pires que les autres oiseaux, ni par le niveau de décibels de leurs jacassements, ni par leur conquête des cavités de platanes où nicher. Je me souviens d’un article lu il y a près de quinze ans comparant les vols des perruches, matin et soir, aux migrations pendulaires et quotidiennes des humains. Le livre d’Éric Arlix nous invite à faire connaissance avec ces oiseaux qui habitent dans les zones urbaines (où il fait un peu plus chaud), à tenter de comprendre leurs bavardages, et à observer notre environnement avec des oreilles et des yeux attentifs. Le « monde d’après », affirme-t-il, doit se construire dans une relation nouvelle entre humains et non-humains. Il imagine une ville adaptée à cette nouvelle organisation, qu’il situe à Montreuil, à la limite de Paris. L’attention qu’il porte aux perruches à collier, il souhaite qu’elle soit aussi la nôtre : une expérience qui aide à sortir de « l’âge de la désolation » pour entrer dans « l’âge du vivant ».