À l'image des transformations prétendument « digitales » de bien d'autres systèmes historiques, les évolutions récentes du domaine se sont réduites, pour l'essentiel, à la dématérialisation des chèques imprimés d'antan, remplacés par une carte en plastique ou un porte-monnaie mobile capable de l'intégrer. Encore faut-il remarquer que ces progrès ont été accomplis autant dans le but de limiter les abus d'utilisation que dans l'optique de procurer un service de meilleure qualité aux porteurs.
Avec Sesame, qui a récemment opéré un « pivot » depuis ses origines autour de l'organisation de la pause déjeuner, comme avec Open!Eat, dont le démarrage est un peu plus ancien, l'idée maîtresse consiste désormais à se débarrasser entièrement du titre restaurant en tant que tel. En remplacement, le salarié règle le montant de son repas avec son instrument de paiement habituel (y compris les espèces ?) et son employeur rembourse automatiquement et immédiatement la part conventionnelle qui lui échoit.
En pratique, avec la méthode la plus simple pour profiter des avantages de ces plates-formes, il suffit à l'utilisateur de connecter son compte bancaire dans l'application mobile fournie (par l'intermédiaire des API réglementaires de banque ouverte, naturellement). Dès lors, les algorithmes détectent les transactions éligibles afin de les prendre en charge (ce qui laisse toutefois planer un doute sur l'instantanéité du traitement). En repli, il est également possible de prendre une photographie du reçu de la dépense.
Les bénéfices du dispositif, plus proche du principe du panier-repas (sans ses délais) que du titre restaurant, sont multiples. Pour le consommateur, le recours à sa propre carte lui facilite la vie en même temps qu'il entraîne une acceptation universelle, tandis que, pour l'entreprise, c'est toute une logistique de distribution qui disparaît… mais c'est aussi une optimisation des flux financiers, entre versement à l'acte, sur la base du montant effectivement dépensé, et suppression des commissions des intermédiaires.
Il subsiste malheureusement une friction dans ce scénario : le travailleur doit avancer la contribution de l'organisation (ce qui est probablement moins gênant que de devoir prépayer chaque mois la fraction individuelle des titres standards, il est vrai). J'attends donc toujours la solution idéale, qui, à mon sens, reposerait sur un modèle de « super-carte » (tel que celui développé par Lydia), capable de répartir intelligemment, en temps réel, les opérations qualifiées entre le compte de la personne et celui de l'employeur.
Réjouissons-nous tout de même des nouveautés introduites par Sesame et Open!Eat, dans un secteur qui, jusqu'à maintenant, s'était surtout focalisé, par exemple avec Swile, sur l'extension de son périmètre à l'ensemble des avantages aux salariés, sans prendre en compte les immenses opportunités d'amélioration de l'expérience client. Les deux démarches devraient désormais commencer à converger, mais leurs dimensions respectives possèdent encore un sérieux potentiel d'expansion devant elles.