" Au cours de ces cinquante ans, le peuple chinois a fait preuve de l'esprit intrépide et tenu le cap du développement de la Chine dans les changements, écrivant un chapitre épique dans l'histoire du développement de la Chine et de l'humanité. " (Xi Jinping).
congrès du parti communiste chinois (PCC) le 16 octobre 2022 où il faisait le bilan élogieux de ses dix années de pouvoir en lisant un rapport intitulé "Porter haut levé le grand drapeau du socialisme à la chinoise et lutter ensemble pour l'édification intégrale d'un pays socialiste moderne". Ce congrès s'est terminé ce samedi 22 octobre 2022 avec la désignation des 205 nouveaux membres du comité central du PCC.
Selon un décompte de l'AFP, 65% des titulaires sont nouveaux en raison principalement de la limite d'âge à 67 ans (que Xi Jinping n'applique pas pour lui-même, âgé de 69 ans). Ce congrès, qui a fait participer 2 379 personnes, les 2 296 délégués élus le 25 septembre 2022 ainsi que 83 délégués spécialement invités, pendant une semaine au Grand Palais du Peuple à Pékin, a mobilisé les quelque 2 500 journalistes internationaux accrédités. Un événement fortement médiatisé, donc (certains journaux ont parlé d'une "chorégraphie parfaitement huilée").
Sans surprise, Xi Jinping a été renouvelé au comité central. Il faut attendre ce dimanche 23 octobre 2022 et la première réunion du nouveau comité central pour connaître, d'une part, le nouveau bureau politique de 25 membres, puis, choisi par ce dernier, l'organe suprême du pouvoir, à savoir, les 7 membres du comité permanent du bureau politique. Il faut savoir que la plupart des citoyens chinois seraient bien incapables de citer la totalité des 7 membres du comité permanent, même si leur nom revient sans cesse dans les médias (au même titre que la plupart des Français seraient bien incapables de citer au moins sept ministres du gouvernement actuel).
La seule chose qu'on sait au 22 octobre 2022, c'est que parmi ces 205 membres, n'ont pas été renouvelés quatre des sept membres sortants du comité permanent, officiellement pour raison d'âge : il s'agit du Premier Ministre Li Keqiang, du Président de l'Assemblée nationale populaire Li Zhanshu, du Président de la Conférence consultative du peuple chinois (une instance sans pouvoir) Wang Yang et du Vice-Premier Ministre Han Zheng. Il reste donc au comité, outre Xi Jinping, deux autres membres sortants du comité permanent, des proches de ce dernier, Wang Huning et Zhao Leji, probablement renouvelés également au comité permanent dimanche.
Si le retrait de son poste de Premier Ministre en mars 2023 était prévu et annoncé, Li Keqiang aurait cependant pu rester au comité permanent mais il quitte donc même le comité central, ce qui montre la mise en place progressive d'instance en totalité fidèle à Xi Jinping. En outre, l'éviction de Wang Yang, considéré proche du courant libéral et qui était annoncé comme favori et probable futur Premier Ministre, est très significative. Leur éviction dès le comité central montre bien la mainmise totale de Xi Jinping sur l'appareil du parti.
D'ailleurs, un incident qui n'a pas été commenté ni même mentionné par les journaux officiels du régime mais observé par l'ensemble des journalistes internationaux a eu lieu en début de cette séance de clôture du congrès. Il s'agissait de l'éviction physique, manu militari, de l'ancien Président chinois Hu Jintao, le prédécesseur direct de Xi Jinping, qui était installé à la gauche de ce dernier. Ce dernier ("apparu affaibli pendant le congrès" selon l'AFP) s'est vu happer par deux gardes du corps venus le mettre debout et l'accompagner vers la sortie, visiblement sans son consentement. À son départ, il a cherché à s'adresser à Xi Jinping, puis à son voisin Li Keqiang qui n'ont pas répondu à sa demande, l'air presque indifférent. Tout le monde ignore si ce départ précipité est un signe politique d'éviction du courant vaguement libéral du parti ou s'il s'agissait plutôt d'une problème de santé (Hu Jintao va bientôt atteindre 80 ans).
Au-delà des personnes dont les nominations conforteront à l'évidence Xi Jinping dans ses pouvoirs, ce congrès a aussi été l'occasion d'inscrire, ce 22 octobre 2022, dans les statuts du parti, l'obligation, pour tous les membres du parti, de " défendre la position centrale de Xi Jinping sur le comité central et dans le parti comme un tout ". Ce qui veut dire que toute opposition même interne à Xi Jinping est interdite par les statuts. Dans la charte du parti a été reconnu " le rôle central du camarade Xi Jinping " par une résolution adoptée à l'unanimité.
Et puisqu'il faut montrer sa puissance vis-à-vis notamment des États-Unis, a également été inscrite dans les statuts la motion qu'il fallait " combattre et freiner résolument toutes les tentatives séparatistes prônant l'indépendance de Taïwan ". Au moins, c'est clair. En conclusion du congrès, Xi Jinping a lancé à ses délégués : " Osez vous battre pour la victoire ! ". Pour quelle bataille ?
Après l'étape du 23 octobre 2022 où Xi Jinping devrait être réélu Secrétaire Général pour un troisième mandat, l'étape de mars 2023 verra le renouvellement des instances institutionnels de l'État, et pas du parti, de la République populaire de Chine. À ce titre, le Premier Ministre changera donc, mais à l'évidence, pas le Président de la République qui sollicitera certainement un troisième mandat de cinq ans.
Le 11 mars 2018, par 2 958 voix pour, 2 contre et 3 abstentions, l'Assemblée national populaire avait en effet adopté globalement vingt et un amendements à la Constitution, dont l'amendement à l'article 79 de la Constitution qui supprimait purement et simplement son alinéa 3 imposant la limitation à deux mandats consécutifs (en vigueur depuis 1982). Un autre amendement constitutionnel adopté a également complété l'article premier de la Constitution, d'une part en y intégrant " la pensée de Xi Jinping " et d'autre part, en mentionnant " le rôle dirigeant " du parti communiste chinois. Imaginez un instant que dans l'article premier de notre Constitution française y soit mentionnée la "pensée du citoyen Emmanuel Macron" ainsi que "le rôle dirigeant du parti Renaissance" !...
Pour l'heure, ce samedi 22 octobre 2022 dans la soirée, les 205 membres du nouveau comité central, ceux renouvelés et ceux nouvellement désignés, dont seulement onze femmes, étaient énumérés en boucle dans les médias chinois. De là à les retenir par cœur...
Aussi sur le blog.
Et de poursuivre : " Sur la base de la construction et du développement du pays depuis la fondation de la Chine nouvelle, le peuple chinois a ouvert une nouvelle ère historique de la réforme et de l'ouverture, créé et développé avec succès le socialisme aux caractéristiques chinoises. Nous avons œuvré sans cesse à libérer et développer les forces productives sociales et à améliorer les conditions de vie de la population, et réalisé un essor historique permettant à la Chine de passer d'un État relativement arriéré en matière de forces productives à la deuxième économie du monde. (...) Au cours de ces cinquante ans, le peuple chinois a, en solidarité et en coopération avec les autres peuples du monde, défendu l'équité et la justice internationales, apportant une contribution majeure à la paix et au développement dans le monde. Le peuple chinois, très attaché à la paix et profondément conscient de l'importance de la paix et de la stabilité, poursuit depuis toujours la politique étrangère d'indépendance et de paix, travaille à défendre l'équité et la justice et s'oppose fermement à l'hégémonisme et à la politique du plus fort. Nous soutenons fermement la juste cause des autres pays en développement de préserver leurs souveraineté, sécurité et intérêts de développement. Le peuple chinois œuvre à promouvoir le développement partagé. ".
On dirait le discours d'un dirigeant d'un pays à forte tradition démocratique. Eh non, il s'agit bien de Xi Jinping, dirigeant de la Chine communiste dont les paroles sont toujours lénifiantes, sur la paix, la justice, ainsi que l'équité sociale, la stabilité économique. Il est peu éloigné du discours qu'il avait prononcé il y a déjà plus de cinq à Davos. Il fait un peu penser à "Mars Attacks!", tout va bien, nous venons en paix. Ce récent discours ne date pas de cette semaine mais du 25 octobre 2021 devant l'Assemblée générale des Nations Unis : l'an dernier, la Chine fêtait effectivement le cinquantième anniversaire du rétablissement de son siège à l'ONU et celui de membre permanent au Conseil de Sécurité.
Je vous épargne le discours qu'a prononcé Xi Jinping à l'ouverture du 20 e
Sylvain Rakotoarison (22 octobre 2022)
http://www.rakotoarison.eu
Pour aller plus loin :
Xi Jinping sort renforcé du 20e congrès du PCC.
À la veille du 20e congrès du parti communiste chinois...
Ieoh Ming Pei.
Zao Wou-Ki.
Laisser jaillir l'émotion intérieure.
Chu Teh-Chun.
De la théocratie à la démocratie laïque.
Les frontières arrêteront-elles le coronavirus ?
Le docteur Li Wenliang, lanceur d'alerte de l'épidémie de coronavirus.
Li Peng, de Tiananmen à Hongkong.
Manifestations à Hongkong.
La Paix céleste selon la Chine.
La Chine au cinéma : une fidélité à soi-même, dans le film "Les Éternels".
La Chine communiste peut-elle devenir une grande démocratie ?
Li Rui.
Li Peng a 90 ans.
La maoïsation de Xi Jinping.
Zhou Enlai.
La diplomatie du panda.
Xi Jinping et la mondialisation.
La Chine à Davos.
Deng Xiaoping.
Wang Guangmei.
Mao Tsé-Toung.
Tiananmen.
Hu Yaobang.
Le 14e dalaï-lama.
Chine, de l'émergence à l'émargement.
Bilan du décennat de Hu Jintao (2002-2012).
Xi Jinping, Président de la République populaire de Chine.
Xi Jinping, chef du parti.
La Chine me fascine.
La Chine et le Tibet.
Les J.O. de Pékin.
Qui dirige la Chine populaire ?
La justice chinoise.
https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20221022-xi-jinping.html
http://rakotoarison.canalblog.com/archives/2022/10/22/39678945.html