WIlliam Shakespeare – Sonnet 60

Par Stéphane Chabrières @schabrieres

Comme les vagues contre les galets
Nos minutes se hâtent vers leur mort,
L’une remplace l’autre et disparaît
Sous la suivante, allant d’un même effort.
À peine à la lumière, la naissance
Rampe vers l’âge mûr qui la couronne,
Des éclipses la blessent, sa brillance
S’éteint : le Temps détruit tout ce qu’il donne.
Le Temps flétrit la fleur de l’âge pur,
Creuse ses traits au front de la beauté,
Dévore les trésors de la Nature,
Et sous sa faux rien ne doit subsister.
—-Mais mes vers, qui survivent aux mortels,
—- Louent ta valeur malgré sa main cruelle.

*

Like as the waves make towards the pebbl’d shore,
So do our minutes hasten to their end;
Each changing place with that which goes before,
In sequent toil all forwards do contend.
Nativity, once in the main of light,
Crawls to maturity, wherewith being crown’d,
Crooked eclipses ‘gainst his glory fight,
And Time that gave doth now his gift confound.
Time doth transfix the flourish set on youth
And delves the parallels in beauty’s brow,
Feeds on the rarities of nature’s truth,
And nothing stands but for his scythe to mow:
And yet to times in hope my verse shall stand,
Praising thy worth, despite his cruel hand.

***

William Shakespeare (1564-1616) – Traduit de l’anglais par Françoise Morvan et André Markowicz.

Découvert ici : https://www.facebook.com/andre.markowicz/posts/pfbid0w5Yo5PXz7FFbhK44vE52v6Rdxx74g2JQFaNRMLyTnMYQMjVScfQiwm5d3UoWxWmCl