Tous nos amis sont morts
Nous nous sommes égarés malgré tous nos espoirs
Mais nous étions des êtres incapables de mourir
Et nous avons été trop semblables à nous-mêmes
Et jamais personne ne comprendra
Jamais personne ne nous entendra
Jamais personne ne se souviendra
Et ce soir avec ma poitrine ouverte
A tous les battements d’un lourd désastre
Je me souviens avec mes larmes
Et je sais que nous étions les seuls présents et éternels
Les seuls capables de reprendre l’Héritage
De nous dresser comme des socs
Et dé déchirer ce temps mort
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Jacques Prevel (1915-1951) – En dérive vers l’absolu (Seghers, 1952)