Si je la connais depuis ses débuts officiels en solo, grâce à MTV qui se mit à diffuser ses clips dès « Violently happy » et « Big time sensuality », ce ne sera réellement qu’en 2003 que je commencerai – enfin ! – à m’intéresser à Björk et à écouter sa musique. Avant, je gardais essentiellement une attirance particulière pour « Jóga » et, surtout, pour « All is full of love ». En 2003, donc, et cela pour l’une des très rares fois de ma vie, j’achetais son Greatest Hits, lors de mon année à Valence, en Espagne. C’était quelques mois seulement avant que j’apprenne qu’elle allait commencer sa tournée européenne par un concert gratuit… à Valence, avec une scène sur l’eau, au complexe de la Cité des Arts et des Sciences.
Ensuite, j’ai été posé mes oreilles distraites sur ses quatre premiers albums, et ce sera Medúlla qui me scotchera à sa sortie. En effet, son cinquième album demeure ma référence ultime concernant la chanteuse islandaise. Quand Volta arrivera, je ne le comprendrai pas, du tout même. Pourtant, aujourd’hui, c’est assurément devenu l’un de ceux que je préfère écouter et de loin, avec Medúlla donc, mais aussi Vespertine que j’avais initialement un peu boudé – peut-être à cause du poids immense des trois précédents, le premier parce qu’il est le premier, et les deux suivants parce qu’unanimement considérés comme des chefs-d’œuvre.
Concernant les albums sortis dans les années 2010, je suis resté sur ma faim et, donc, je dois bien avouer que, si l’on excepte ses bandes originales, Björk se résume pour moi à ses albums numéro 4, 5 et 6, écoutant plus rarement les trois premiers et me forçant pour les trois derniers. C’est dans ce contexte que Fossora est arrivé pour moi. Je me suis évidemment fait l’intégral des neuf albums ainsi que les deux bandes originales, et, malgré des critiques toujours aussi dithyrambiques concernant ses albums, j’ai appréhendé que cela soit encore une petite déception.
Quelle erreur j’aurais commise si je n’avais pas écouté Fossora ! Au beau milieu de plein de choses nouvelles, sa voix continue de nous guider, avec sa chaleur froide si caractéristique. Ici, je retrouve un peu l’ambiance de son EP avec Dirty Projectors ; là, je m’émerveille devant la magie que seul l’univers de Björk peut et sait produire. Les participations de Emilie Nicholas, Serpentwithfeet, Ísadóra Bjarkardóttir Barney, KASIMYN et Sindri Eldon sont aussi humbles que précieuses, et la collaboration essentielle de Gabber Modus Operandi est inestimable. Pourtant, il y a un élément primordial, partout, tout le temps : c’est Björk elle-même, au chant, à la musique, elle nous envoûte, toutes et tous, qui travaillent avec elle, autour d’elle, ou qui la suivent et l’écoutent, en France, au Japon, en Argentine, partout.
Björk est résolument unique, et elle continue de réussir des œuvres à chaque fois uniques également. À ce titre, je ne vois pas une seule autre artiste féminine et, de même, je ne suis pas certain non plus qu’aucun artiste masculin puisse lui rivaliser la place d’Artiste la plus importante des 30 dernières années. Et c’est pourtant bien avec ses albums qu’elle écrase absolument toute concurrence possible.
(in Heepro Music, le 20/10/2022)
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