FMG©2022
Tout à coup, il était là, en plein milieu de la terrasse. Il n’y était pas dix minutes plus tôt, mais il était là, c’était incontestable. Et plutôt mal en point. De loin, il semblait même ne plus bouger du tout. M’en rapprochant, j’ai non seulement vu les mouches qui l’entouraient, mais aussi qu’il bougeait encore !
Moi, les animaux, ce n’est pas vraiment mon affaire, pour ne pas dire que ça fait deux. Bref, j’ai contacté mes enfants pour avoir leurs conseils. Surtout, mon fils venait passer la soirée et m’a dit qu’il s’en occuperait. Ce qu’il fit effectivement. Il semblait à nouveau totalement immobile et nous nous préparions à lui donner une sépulture décente. Mais l’évidence était là, il vivait encore, le bougre, malgré des taches jaunes ou vertes qui ne présageaient rien de bon !
Il était tard, mon fils lui a préparé un endroit douillet, protégé des mouches, pour qu’il puisse – pensions-nous – partir en paix. Le lendemain, il était encore recroquevillé sur lui-même, mais respirant clairement.
Ma fille se dit alors qu’il était peut-être simplement en train de commencer son hibernation. Remarque pertinente, mais pourquoi viendrait-il se placer en plein milieu de la terrasse ? Et il avait l’air quand même sérieusement mal en point. Les lecteurs qui connaissent les animaux, les hérissons en particulier, sont peut-être en train de se dire : « Mais enfin, qu’est-ce que c’est ces gens qui semblent tout découvrir ? ». Ils auraient raison : notre famille était en train de tout découvrir. Y compris la nécessité d’agir.
Ma fille prit contact avec un centre d’accueil des animaux blessés. Ils étaient prêts à l’accueillir. Pour différentes raisons, ce n’était pas possible pour moi de faire le déplacement. Alors, ma fille mit un post sur le groupe FB local. Et miracle, quelqu’un s’est proposé de servir d’ambulancière. Merci à elle. L’opération de sauvetage était vraiment lancée. Arrivé au centre, le hérisson a tout de suite été pris en charge, mais la bénévole a un peu fait la grimace en voyant les œufs de mouche dont il était couvert. Il bougeait quand même encore un petit peu dans la boîte et les professionnels étaient prêts à tout faire pour le remettre sur pattes.
L’histoire n’est donc pas totalement terminée et toutes les personnes qu’elle concerne espèrent qu’elle finira bien. Personnellement, ce qui me subjugue le plus, c’est que ce hérisson est venu s’installer en plein milieu de la terrasse. Ce n’est pas vraiment un endroit pour un hérisson. C’est même un espace plutôt redouté où il se retrouve exposé à tous les prédateurs possibles. S’il est venu s’installer là, c’est qu’il venait chercher de l’aide qui ne pouvait venir que de ces géants bizarres qui se déplacent sur deux jambes. Il a trouvé cette aide, même si elle a mis sans doute trop de temps pour s’organiser. Le pauvre hérisson, il ne savait pas chez qui il venait se blottir. Il aurait été chez ma voisine, l’opération de survie aurait été beaucoup plus rapide et sans doute plus efficace. Mais voilà, c’était ma terrasse qu’il a choisie. Je ne sais pas pourquoi, mais ça m’interpelle et m’émeut vachement ! (Euh, « hérissonnement » plutôt !)