3. Et avec toi l’été
Cette fête où j’ai perdu mon temps
C’est l’été
Dit la voix la toute petite voix
L’ombre que je n’ai pas retenue
C’est l’été
Dit la voix la toute petite voix
Avec l’été a dit la voix la toute petite voix
Oui tu vois c’est l’été qui est là
L’été c’est toi qui reviens
Et avec toi l’été a dit la voix la toute petite voix
Cette chose lointaine de l’aieu
Et avec toi l’été
Oh oui cette chose lointaine de l’adieu
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4. Une vie perdue
je me réveille quand les oiseaux
Je me ranime quand les vents
Je m’efface quand le jour
Chaque fois qu’un orage éclate
un temps perdu une vie perdue qui passe oui mais
que l’été
que l’été
pas un pas de plus s’il te plaît ou mais
que l’été
que l’été
pas d’autre feu pas d’autre envie
que l’été
que l’été
un temps perdu une vie perdue qui passe oui mais
que l’été
que l’été
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5. Fleurs d'été
Une fleur pourquoi encore venir une fleur pourquoi encore appeler une fleur pourquoi toujours abandonner
Les soucis la Suzanne aux yeux noirs le pourpier les œillets les verveines la belle de nuit le lis la spirée la lavande l'agapanthe et les roses
Sont toutes des fleurs d'été oh sont toutes des fleurs d'été
Les soucis la Suzanne aux yeux noirs le pourpier les œillets les verveines la belle de nuit le lis la spirée la lavande l'agapanthe et les roses
Mais rester ici
L'été
Pas une fleur ne le peut après
Et reviennent
tous chevaliers hier soudain
Nous étions merveilleux pas une fleur ne manquait
Les soucis la Suzanne aux yeux noirs le pourpier les œillets les verveines la belle de nuit le lis la spirée la lavande l'agapanthe et les roses
Elles arrivent d'autrefois toujours
Qui es-tu ?
Je suis Celle-Qui-Traverse-la Plaine
Qui es-tu ?
Je suis Celle-Qui-Fleurit-L'été
J'ai attendu
J'ai vécu un hiver si long
L'hiver-où-tout-le-monde-a-fait-la-guerre
Est-ce que l’été revient alors ?
Se souvenir impossible
Une fleur cette victoire l’été
Les soucis la Suzanne aux yeux noirs le pourpier les œillets les verveines la belle de nuit le lis la spirée la lavande l'agapanthe et les roses
Extraits de « Nuit’été », poèmes spirites en mémoire de l’été 2016, (Livret de chants pour Arthur Lavandier), pp. 49 à 55
Frédéric Boyer, La langue fait battre mon cœur, Joca Seria, 2022, 180 p., 17€
Sur le site de l’éditeur :
Tu n’écris plus de poésie ?
Mais les poètes d’aujourd’hui ne m’ont jamais pris pour un poète.
(J’écris de la poésie parce que il y a toujours quelque chose qui ne va pas.)
La poésie aurait-elle creusé sa tombe ?
On l’aura tuée.
Mais tuer quelqu’un n’apaise pas forcément la situation.
La poésie c’est quoi ?
Depuis quelques années déjà, me voyant vieillir, je me sens relié à plusieurs états simultanés de la langue française.
Toute poésie est une réminiscence future d’un vers ancien sur l’air de...
Bref, une sorte de movie song de l’existence.
Et la langue ?
La langue française ne m’appartient pas. C’est une langue future qui dit le droit des gens.
La langue fait battre mon cœur.
Frédéric Boyer est écrivain, traducteur et éditeur, auteur d’une trentaine de livres depuis 1991, tous publiés aux éditions P.O.L, romans, essais, poèmes et traductions. En 2019, il publie une nouvelle traduction des Géorgiques de Virgile aux éditions Gallimard sous le titre Le Souci de la terre. En 2021 Le Lièvre chez le même éditeur et à l’automne 2022 sa nouvelle traduction des Évangiles. Il dirige les éditions P.O.L. depuis juin 2018.