Face aux arbres de Romain Bernini, un enfant accroupi plante et protège un arbre, un olivier, regardant celle ou celui qui s’approche et dont il perçoit la menace. Cet arbre, il l’a choisi, il a cassé le béton pour faire respirer la terre et l’y planter.
Par ce geste, l’artiste Beya Gille Gacha fait référence à Thomas Sankara, président du Burkina Faso de 1983 à 1987, qui avait dans son programme la plantation de plus de dix millions d'arbres pour stopper la désertification croissante du Sahel. Coïncidence : ma visite avait lieu le 15 octobre ; or, c’est le 15 octobre 1987 que Thomas Sankara était assassiné.
La sculpture de Beya Gille Gacha est couverte de perles bleues à la façon camerounaise bamiléké comme la plupart des oeuvres de cette artiste que j’ai déjà pu voir. Pour distinguer les perles, il faut s’approcher à la bonne distance. Le regard de l’enfant nous y invite et nous demande de respecter et de partager son souci pour le vivant, ici le végétal contre tout ce qui étouffe le sol, la terre. C’est un « orant », que la ferveur engage, mais un « orant » d’aujourd’hui qui sait qu’il lui appartient d’agir dans ce monde pour le présent et non l’au-delà.
Si, dans cette exposition, l’enfant plante un olivier, il lui est arrivé de planter d’autres essences. L’olivier est symbole de paix. Et c’est un arbre résistant. Pas étonnant qu’en cette période troublée, Beya Gille Gacha ait choisi cet arbre.