La dégradation des relations entre l’administration Biden et Mohammed Ben Salmane (MBS) se poursuit
Mi-juillet, Joe Biden fait le déplacement jusqu’à Riyad avec la prétention de faire accepter au royaume une hausse de la production (de l’OPEP+) d’au moins 750.000 barils par jour. Résultat des courses ? Le cartel augmente effectivement sa production, mais de seulement 100.000 barils par jour. L’augmentation est non significative, anecdotique presque.
Elle est vécue comme un énorme camouflet par Joe Biden, qui a du mettre de côté ses promesses en se rendant auprès du jeune monarque saoudien. En effet, le Président américain avait promis à ses électeurs lors de sa campagne présidentielle qu’il ferait de MBS un paria sur la scène internationale. Avec la hausse des prix à la pompe et les élections de mi-mandat en approche, Joe Biden n’a eu d’autre choix que de se rendre à plat ventre dans la capitale saoudienne.
Début octobre, l’OPEP+, emmené par l’Arabie Saoudite et la Russie, est réuni à Vienne et annonce réduire la production de près de 2.000.000 barils par jour. Une gifle pour la Maison Blanche, qui espérait faire baisser le prix du baril afin de réduire les profits faramineux de Moscou sur les ventes d’hydrocarbures. Il apparaît désormais clairement qu’entre Vladimir Poutine et Joe Biden, MBS a clairement fait son choix.
Lire aussiCe que des exilés Camerounais attendent de Joe BidenDimanche dernier sur CNN, le sénateur américain Chris Murphy fait un constat lucide : « Pendant des années, nous avons détourné le regard quand l’Arabie saoudite a massacré des journalistes, exercé une répression politique massive, pour une seule raison : nous voulions nous assurer que le moment venu, en cas de crise internationale, l’Arabie saoudite nous choisirait plutôt que la Russie. […] Ils ne l’ont pas fait. Ils ont choisi la Russie. »
Le conseiller à la Sécurité nationale de la Maison Blanche, Jake Sullivan confirme que Joe Biden dresse un constat identique : « Le président a effectivement dit qu’il allait réévaluer nos relations avec l’Arabie saoudite parce qu’ils ont pris le parti de la Russie contre les intérêts du peuple américain […] Ce sont des relations qui se sont établies sur des décennies avec le soutien des deux partis [NDLR : démocrate et républicain]. Le président n’agira donc pas dans la précipitation […] mais il n’a aucune intention de rencontrer le prince héritier au sommet du G20«
Lire aussiL'UE est prête à accueillir tous les réfugiés de l'Ukraine (Baerbock)Hier, le prince héritier recevait le Président Sud-africain Cyril Ramaphosa. Ce dernier a confirmé que l’Arabie Saoudite va bien candidate afin d’intégrer l’alliance économique et stratégique que forment les BRICS : « Les pays BRICS vont se réunir l’année prochaine lors d’un sommet sous la présidence de l’Afrique du Sud. Et la question va être étudiée. Et déjà un certain nombre de pays ou de nations ont fait des démarches auprès des autres pays membres, et nous leur avons donné la même réponse pour dire que cela sera discuté par les partenaires BRICS eux-mêmes, cinq d’entre eux, et ensuite une décision sera prise.«
Lire aussiLes autorités envisagent d'introduire une revaccination obligatoire contre le Covid-19Le moins que l’on puisse dire, c’est que l’ordre mondial est radicalement en train de changer, et principalement au détriment des grandes puissances actuelles.