Contributions pour le congrès du PS : Martine Aubry

Publié le 13 août 2008 par Cc

La deuxième contribution que j’ai décidé de lire, c’est celle de Martine Aubry, parce que j’ai fait un de ces tests idiots de Facebook qui m’a annoncé que j’étais socialo tendance Martine Aubry…

Vérifions !

Une vision pour espérer, une volonté pour transformer. C’est le titre de la contribution. Belle formule parallèle, belle allitération en [v]. Cessons les sarcasmes. L’introduction dresse un constat juste de la France de Sarkozy. Sans détour, la politique de notre TGH (très grand homme) est démontée : baisse des impôts pour les tranches hautes, baisse des acquis sociaux pour les tranches basses. Plus de libéralisme, moins de libertés. C’est le constat qu’on fait chaque jour depuis le début de la présidence de Sarkozy, ici, ou chez Juan, ou un peu partout chez les Left_blogs

Très bien.

Le principe directeur est posé : NOUS voulons une société et non pas un marché, et « le JE a besoin du NOUS pour exister. »

Premier point, un point auquel je suis particulièrement sensible : l’éducation. Quelques déclarations de bonne volonté et quelques piques envers la politique actuelle. Plus de moyens, plus de temps d’école pour les élèves, plus de souplesse possible dans l’organisation de l’école. L’école obligatoire à 3 ans. Bref…Ce n’est pas tellement concret. Une prof attend un peu mieux de ce côté-là.

En ce qui concerne la formation continue, le bilan d’une carrière où la mobilité est inévitable est le bon. Du coup, les propositions de formation tout au long de la vie professionnelle sont bien vues.

Pour le logement, la contribution me semble fouillée et technique. Sans doute parce que Martine Aubry connaît bien le dossier, au niveau local, à Lille. Une idée me semble très belle et très intéressante : « nous voulons qu’au droit au logement correspondent aussi des devoirs : l’octroi d’un logement ayant bénéficié d’une aide publique pourrait s’accompagner de l’adhésion à une charte de vie collective prévoyant la participation à la vie de l’immeuble (tranquillité, propreté, petit entretien, locaux communs, cours de soutien assurés par les étudiants, garde d’enfants assurée par les retraités, courses assurées par les étudiants ou les jeunes ménages auprès des personnes âgées dépendantes, implication dans les conseils de résidants et les associations de locataires…) et l’acceptation de mobilité dans un autre logement aidé plus petit (trois offres au minimum) en cas de réduction de la taille de la famille, pour laisser place à une autre famille. »

Après ce premier panorama, Martine Aubry, dans une volonté de couvrir toute la population, redit que la politique de gauche doit être celle de toute les générations, de la petite enfance jusqu’aux personnes âgées.

Ensuite, vient une réaffirmation des valeurs de laïcité, d’égalité, d’accueil et de diplomatie étrangère à la fois moderne et intransigeante sur la question des droits de l’homme, le civisme – même si 1000 heure de travaux d’intérêt général dans la formation de tous les jeunes me semble…excessif… ?- une politique de sécurité axée sur la prévention et sur la réinsertion après la sanction, dans laquelle je me reconnais largement.

La culture tient une vraie place dans cette contribution. Il s’agit d’en faire un ciment collectif intergénérationnel. C’est une idée louable. La Culture doit être dans la cité, dans l’école, dans les théâtres, mais aussi dans la rue. De nombreuses fois, Mme Aubry fait référence à Lille 2004. Pour ceux qui ont eu la chance de visiter la capitale nordiste durant cette année, il est vrai que c’est un modèle extrêmement pertinent et réussi.

Dans ce même chapitre, s’intègre naturellement (ou pas très naturellement, d’ailleurs) Internet. Pas très naturellement, selon moi, parce que le titre : « Génération Internet » fait plutôt vieux machin qui se penche sur un phénomène de mode pour faire « djeun’s ». Cette impression vient sans doute de mon jeune âge…Mais malheureusement, la vision d’Internet de Martine est déjà dépassée par les événements !

Pour ce qui est du développement durable, c’est un peu comme pour Internet : la vision est trop étriquée. Le développement durable, d’ailleurs, ça ne vaut que pour les lapins. Et encore…

La vision de la politique étrangère est plus conforme aux droits de l’homme que celle de Sarkozy, c’est clair, et plus tournée vers les pays du Sud. Intéressant et à creuser, surtout en ce qui concerne la guerre de la nourriture…Comme la vision de la paix, c’est un projet beau et généreux…Utopique ?

Utopique, peut-être, aussi, la normalisation des règles sociales et environnementales. Mais c’est un beau rêve…

Enfin, la dernière partie, avant la conclusion, « Remettre la société en marche », propose une réforme de l’Etat pour moins de pouvoir du président, pour plus de décentralisation, des syndicats plus représentatifs et des citoyens plus participatifs (le mot est-il bien choisi ?).

Le point qui me semble primordial et qui est développé en dernier – mais c’est rhétorique, sans doute -, c’est la volonté de rassembler le parti socialiste. Ça devrait arriver en premier, mais c’est là et c’est déjà pas mal…Et d’ailleurs, cette volonté d’union est à nouveau affirmée dans la conclusion.

Le NOUS tiens une place capitale dans cette contribution qui mérite d’être lue. Certes, Martine Aubry, stratégiquement, c’est la candidate qui peut faire le ménage –entendons « qui peut faire chuter Ségolène Royal pour faire la place pour un homme » - mais elle a la carrure et le sérieux, l’énergie et le charisme pour faire quelque chose de bien pour le PS.

Mais elle est loin de faire l’unanimité…

CC