Proust Monde Quand les écrivains étrangers lisent Proust

Par Ivredelivres

Un bon moment de lecture et une déception. Il est rare que je parle des livres décevants.
Que voulez-vous j'ai déjà tellement lu sur Proust qu'obligatoirement cela devait arriver.

Je me débarrasse d'abord de ma déception, j'avais bien aimé les premiers livres de Charles Dantzig, j'aime son humour, sa curiosité, sa verve.

Bon mais là non ! Sa verve se transforme surtout dans 60 premières pages ( quand même !) en un charabias parfois totalement incompréhensible. Je veux bien accepter l'idée que c'est moi qui cale devant des propos trop difficiles à saisir mais quand même !!!!

Ensuite dans une seconde partie du livre Charles Dantzig passe en revue les personnages de la Recherche non sans y glisser quelques notes personnelles qui n'ajoutent rien aux propos.

Si vous voulez vous faire une idée juste des personnages reportez vous aux podcasts de France Culture La grand traversée beaucoup plus intéressante ou au livre de Mathilde Brézet Le grand monde de Proust autrement plus passionnant.

Certes il y a quelques fulgurances bienvenues, des bons mots, des remarques pertinentes mais elles sont perdues au milieu d'un fatras qui part dans tous les sens.

Je suis prête à échanger avec vous si vous avez aimé ce livre car moi j'ai calé et je ne l'ai pas terminé.

Par contre j'ai fait une lecture profitable, intéressante et riche. Ce livre en poche est un petit trésor, on y côtoie les traducteurs de Proust et ses critiques.

J'ai beaucoup aimé en particulier la première partie : les traducteurs, on rencontre là les anglophones les germanophones, tous exprimant combien il est difficile de traduire La Recherche.

Mais en même temps ils expriment toute leur admiration, leur ébahissement parfois, leur surprise devant un texte de cette envergure

Certains n'ont traduit qu'un morceau de l'oeuvre, d'autres, en particulier les japonaisont fait quatre traductions complètes !!!

Le Traducteur le plus récent : Kazuyoshi Yoshikawa

Ensuite viennent les écrivains, les historiens, les philosophes et là on tape dans le dur
D'Adorno à Curzion Malaparte, Joseph Czapski, Umberto Eco, Joseph Conrad ou Samuel Beckett.

Mais il y a des mots touchent particulièrement comme ceux de Chalamov à qui l'on a volé LE livre

" Moi un homme de la Kolyma, un zéka, j'avais été transporté dans un monde perdu depuis longtemps vers d'autres habitudes oubliées et inutiles. (...) J'étais heureux de lire Du coté de Guermantes. Je n'allais pas dormir au dortoir ; Proust avait plus de valeur que le sommeil. "

Ceux de Jorge Semprun partant pour les camps :

" J'ai passé ma première nuit de voyage à reconstruire dans ma mémoire le Côté de chez Swann et c'était un excellent exercice d'abstraction.(...) J'ai imaginé ce bruit ferrugineux de la sonnette dans le jardin, les soirs où Swann venait diner. J'ai revu dans ma mémoire les couleurs du vitrail de l'église du village. Et cette haie d'aubépines, Seigneur. Cette haie d'aubépines était aussi mon enfance. "

L'admiration de Nabokov :

" Je ne l'aime pas, je l'adore. J'ai lu deux fois ses douze volumes d'un bout à l'autre "

Si vous voulez en savoir plus sur la façon dont Proust a marqué son siècle et bien plus, lisez ce livre, vous pourrez le butiner au hasard des pages, rire, vous mettre en colère car il y a aussi des anti-Proust !
Il va s'ajouter à ma bibliothèque Proustienne.

Editions Folio classique Les Livres :
Proust Monde - Quand les écrivains étrangers lisent Proust
Proust Océan - Charles Dantzig - Editions Grasset