Ce premier roman autobiographique sur la quête des origines est celui d’une autrice élevée au cœur d’une fiction. Née à Bilbao en 1979 et ayant toujours habitée à Paris, ce n’est en effet qu’à l’âge de 27 ans que Maria Larrea découvre qu’elle a été adoptée. Totalement bouleversée et en quête de réponses, elle part sur les traces de ses parents biologiques, tout en décidant d’écrire et de nous raconter son vécu.
La première partie de cette quête de vérité fait office de mise en place. L’autrice y raconte non seulement son enfance parisienne en compagnie d’une mère femme de ménage qui sent l’eau de javel et d’une père violent, porté sur la boisson et gardien du théâtre de la Michodière, mais également la rencontre de ses parents, deux cabossés d’une vie construite dans la misère, l’un confié aux jésuites par sa mère prostituée et l’autre très vite abandonnée aux bonnes sœurs d’un couvent. Pas forcément fière de ses origines, ni de son milieu social, Maria est une fille d’immigrés qui se cherche, se rebelle et se défonce, tout en rêvant de faire du cinéma. Une construction mêlant honte, douleurs et colère qui s’écroule totalement lors d’un tirage de cartes chez une tarologue qui transforme toute cette première partie en fiction : les dés sont pipés, toute son histoire familiale n’est qu’une immense supercherie !
En début de seconde partie, suite à cette révélation fracassante, le lecteur se retrouve donc dans le même état que l’autrice, totalement désemparé d’avoir été trompé sur la marchandise depuis la première page du roman et bien décidé à emboîter les pas de cette narratrice furieuse, prête à réécrire sa propre histoire et partant à la recherche de ses racines espagnoles, là où tout a commencé, à Bilbao.
« Les gens de Bilbao naissent où ils veulent » est donc une histoire familiale rocambolesque et bourrée de secrets, qui dévoile au passage une page sombre de l’histoire espagnole, tout en révélant une autrice débordante d’authenticité et d’auto-dérision, qui n’hésite pas à se mettre à nu au fil des pages, alliant franchise, humour et tendresse, tout en abordant des thèmes intéressants tels que l’immigration, la filiation, l’abandon, la famille et le trafic de nouveau-nés.
Une belle découverte de cette rentrée littéraire et un très bon premier roman !
Les gens de Bilbao naissent où ils veulent, Maria Larrea, Grasset, 224 p., 20€
Elles/ils en parlent également : Kitty, Eve, Baz’Art, Matatoune, Sylvie, Mimi, HCh_Dahlem, Ffloladilettante, Kathel, Ma voix au chapitre, Temps de lecture