Nous le savons bien : aujourd'hui nous ne pouvons pas, ou plus, rêver d’un débat ou d'un documentaire sans ânerie.
A minima pour ce qui concerne le vin.
Car les différences entre l’idéologie et le mensonge se font décidément bien ténues et la bêtise, le calcul et la démagogie tiennent malheureusement le haut du pavé.
Pourtant j'ai à nouveau tenté d'être agréablement surpris en me procurant le "Guide des vins bio 2023" signé de Pierre Guigui (24.9 € chez votre libraire préféré).
"Guide des vins bio 2023"
© BBD Editions
Nouvelle démonstration du fait que je suis un éternel optimiste.
Doublé d'un grand naïf.
C'est parti ...
Je passe rapidement sur la restitution d'un prétendu débat à propos des nouvelles règles d'étiquetage des vins où se trouverait "la majorité des arguments aussi bien négatifs, positifs, que plus modérés". Car ce débat que l'on est en droit d'espérer posé et exhaustif n'est autre que la reproduction de deux posts de Vincent Pousson sur Facebook.
Haut lieu du débat argumenté et exhaustif.
C'est pourquoi on y trouvera des éléments aussi solides et définitifs que : "Vins "propres" arrêtons la branlette" (qui figure en gras et en tête de la page 12 du "Guide des vins bio 2023").
Une fois cette entame faite, la page 15 réutilise un élément de langage que l'on voit régulièrement apparaitre, sous telle ou telle forme, lorsque l'on parle des pesticides et de la chimie agricole.
Cette fois, nous en sommes gratifiés ainsi :
"L'utilisation des produits chimiques de synthèse commence dans les années 1920 suite aux recherches liées aux armes chimiques durant la première guerre mondiale. C'est à un chimiste du nom de Frutz [sic] Haber que l'on doit l'invention du nitrate d'ammonium utilisé comme "arme fatale" par l'armée allemande qui ensuite fut "recyclée" en engrais."
Or c'est en 1909 que Fritz Haber met au point son procédé permettant de produire de l'ammoniac.
De quoi s'agit-il ?
De fabriquer du nitrate d'ammonium industriellement, et à cout réduit. La finalité agricole de ces travaux découle en particulier des résultats (datant du milieu du XIXème siècle) de Justus von Liebig à propos de la nutrition minérale des plantes, et en conséquence de la déconnexion entre les cultures qui ont besoin d'engrais et l'élevage qui les fournit.
Les travaux de Haber, c'est Carl Bosch qui en rendra l'application industrielle possible. C'était en 1913.
1913 ...
Vient la guerre et, en conséquence, l'orientation de la production du nitrate d'ammonium vers la fabrication d'explosifs et non pas d'engrais agricoles.
Car ce composé peut tout aussi bien être utilisé pour l'une ou l'autre de ces applications. Pour ce faire, nul besoin de "recyclage" : c'est une matière première qui peut indifféremment être orientée vers l'un ou l'autre de ces process industriels.
Au delà des approximations historiques je regrette vivement le très anxiogène et, de mon point de vue, très usurpé "arme fatale". Oh, bien sur, un explosif peut tout à fait être fatal pour qui se trouve au mauvais endroit et au mauvais moment.
Pour autant, le terme : "arme fatale" qui plus est renforcé du fâcheux "suite aux recherches liées aux armes chimiques" renvoie à des armes autrement plus redoutables (les gaz de combat) qui datent de cette même guerre de 14-18 mais n'ont rien à voir avec le nitrate d'ammonium.
Mais sans doute tout ceci n’a-t-il d'autre but que d’imprimer durablement cette image terrible de la guerre de 14/18 et ses armes fatales en l’associant étroitement à l’ammonium et à la chimie.
La méthode est grossièrement manipulatoire mais probablement très efficace.
Par exemple Baumé (celui de l'aéromètre qui porte son nom) qui met au point, dès 1767, une méthode de production industrielle de sel ammoniac.
On trouve trace tant de l'obtention du "nitre" que de son utilisation pour produire de la poudre à canon dans le "Précis des leçons publiques de chimie et d'histoire naturelle" de Nicolas dont je possède la seconde édition, parue en 1787.
Les chimistes synthétisent donc ce composé bien avant 1914, et peuvent le faire au service d'intentions belliqueuses.
On pourra m'objecter qu'il ne s'agit pas de chimie organique.
Pour autant la chimie organique ne commence pas, non plus, avec la première guerre mondiale. Pour rester sur la thématique azotée, prenons par exemple le cas de Friedrich Wöhler qui produit de l'urée dès 1828 (mais il y a des exemples antérieurs, pour d'autres transformations).
Versons des larmes, peut-être fatales, avant de continuer sur la page 15 où l'on croise aussi la statue du commandeur Rudolf Steiner, père de la biodynamie.
Il fait son grand retour en page 17 grâce à l'évocation d'un autre ouvrage signé de Pierre Guigui : "Vin et biodynamie. Une philosophie de vie.".
Pour ma part je ne saurais trop conseiller aux amateurs de vie, de biodynamie et de philosophie de lire : "Âmes des peuples", du même Rudolf Steiner.
Ils y liront une autre application des mêmes théories et de la philosophie de vie de Steiner. Cette fois pas dans le domaine de l'agriculture mais appliquées à l'Humanité, avec des chapitres aussi instructifs que, par exemple : "Action des planètes sur les Esprits des races".
Je passe aimablement sur la vieille histoire de :
"la vigne (3.7% de la SAU, 20 % de la consommation nationale de pesticides, 30% des fongicides) fait l'objet d'une vingtaine de traitements par an, dont une majorité de pulvérisations de pesticides.",
en me bornant à constater - regretter - qu'encore une fois cette "statistique" n'est pas sourcée, que l'on n'a pas la moindre idée de ce que sont ces % (des chiffres d'affaire ? des quantités ? un indice quelconque plus ou moins coefficienté ?) et que le nombre annuel de traitements évoqué ("une vingtaine") n'est ni contextualisé ni détaillé.
On a les références que l'on peut.
Ici que l'on veut.
Car au delà des ces % dont l'origine et donc la signification réelle me restent mystérieuses, j'ai déjà écrit par ailleurs ce que je pensais de la communication faite par Valérie Murat et qui est évoquée page 15.
Il m'est désolant que tout ceci soit, ici, repris sans aucun commentaire ni aucune réserve.
Je ne parle même pas d'un avis contraire.
Mais au moins nous retrouverons nous sur le fait évoqué en page 23 : "il n'y a aucun dogmatisme dans les propos de Jules Chauvet.".
Ça change agréablement.
Ce qui change tout aussi agréablement c'est le contenu et le ton du texte de Christophe Lavelle qui est reproduit en pages 24/25/26.
Et ce même si ce qui est dit s'appuie sur 9 références qui ne sont pas reprises dans le livre, et que le lecteur ne pourra donc pas y consulter ... mais le fera à la toute fin de ce billet puisque Christophe Lavelle m'a fait suivre les références en question. Ce dont je le remercie à nouveau.
Pages 27 et suivantes nous trouvons un tableau annoncé comme issu de la résolution OIV-OENO 567A-2016.
Une information qui est aussi bien sourcée est extrêmement rassurante. Surtout quand on en vient à des composés aux noms aussi anxiogènes que l'acide érythorbique ou le chlorure de potassium.
L'acide érythorbique (ça fait salement peur, mais au Scrabble çà peut rendre service) est un isomère de l'acide ascorbique. Dont le petit nom est : vitamine C.
On respire à nouveau.
On respire d'autant mieux que l'acide érythorbique est absent des textes qui disent le droit européen en matière de vinification.
Le chlorure de potassium, j'avoue : je découvre.
Mais çà fait à peine 25 ans que je suis œnologue et que je m'intéresse tant aux levures qu'à leur nutrition.
C'est aussi absent du droit européen. On n'en trouvera donc pas mention dans le réglement 68/2022 qui est sorti en ce début d'année.
Notons que si çà avait été une pratique autorisée, ç'aurait été présent dans ce règlement. Mais pas, comme le prétend Pierre Guigui, au sein des "Agents de fermentation", plutôt parmi les "Activateurs de fermentation".
Ce qui n'a rien à voir.
Et qu'on ne me dise pas que c'est un détail : puisque l'ouvrage revendique le droit à une information complète et fiable, une information erronée ne peut être anecdotique. Surtout si d'autres erreurs factuelles l'accompagnent.
Il en va de même page 29 : les "Levures inactivées" ayant comme leur nom l'indique été inactivées ne peuvent en aucun cas, n'en déplaise à Pierre Guigui, être des "Agents de fermentation".
La fermentatrion alcoolique est effectuée par des êtres vivants. Et actifs.
Page 30, l'auteur tente de nous rassurer en affirmant que :
"L'acide malique n'est autre que le E296 que l'on retrouve dans les sirops, .../... Par contre en vinification ce n'est pas un additif mais un auxiliaire qui va "disparaitre" avant la mise en bouteille".
Or c'est faux.
Car l'acide malique ne disparait pas.
Tout au plus peut-il être transformé en acide lactique, si des bactéries font la fermentation malolactique (la transformation du malique en lactique).
Auquel cas il serait tout de même un additif et absolument pas un auxiliaire, puisqu'un additif est un produit qui a été ajouté et qui reste présent dans le produit fini. Que ce soit sous sa forme d'origine, ou sous une autre forme (notons en outre que l'utilisation d'acide malique est interdite en vinification bio).
Le climax est atteint page 31, lorsque Pierre Guigui nous fait bénéficier de son talent de consultant en nous proposant un process de vinification ayant pour but "d'élaborer un vin rouge de type fruité" :
"Guide des vins bio 2023"
© BBD Editions
C'est un travail exemplaire car :
- Personne ne s'amuse à sulfiter les raisins (des solides) à hauteur de 3 g/hl (donc une phase liquide ?!) à la récolte pour ensuite re sulfiter à la réception à hauteur de 2 à 3 g/100 kg de raisins.
- Enzymer des raisins rouges à la réception pour favoriser l'extraction du jus et sa clarification est une intention louable, mais que l'on gagnera à réserver aux vins blancs ainsi qu'aux vins rosés de pressurage direct. Surtout si ensuite on chauffe, car les enzymes étant des protéines, tout comme le blanc d’œuf, elles sont dénaturées par la chaleur.
- Érafler et fouler ne veut en aucun cas dire "chauffer" et il y a bien longtemps que le chauffage des raisins ne se fait plus. Aujourd'hui, en particulier sur des profils fruités, on aurait plutôt tendance à refroidir (du coup, là, on peut enzymer afin de gagner du temps d'extraction des anthocyanes et des précurseurs aromatiques et donc éviter de claquer des frigories avec une macération à froid prolongée).
- Mettre les raisins froids sous les raisins chauds est une joyeuse plaisanterie. On va donc économiser des calories en l'évitant.
- Certes, le gland est un fruit - le fruit du chêne -, mais ce n'est pas une raison suffisante pour mettre des copeaux de chêne. Mais on va éviter des mettre des copeaux, ou alors il va falloir m'expliquer pourquoi mettre des copeaux de chène alors que l'on s'est donné pour objectif d'obtenir : "un vin rouge de type fruité" et non pas "boisé".
- On levure (selon Pierre Guigui on le fait même deux fois : d'abord à l'encuvage puis lors de l'enzymage) avec "plusieurs types de levures favorables à la thermovinification".
Tout d'un coup la thermo sort du chapeau ! Après avoir chauffé une partie de la vendange, mais une partie seulement, hop on fait une bonne grosse thermo sur la totalité de la cuve. Il est vrai que par les temps qui courent l'énergie n'est pas chère.
Avant d'oublier : si on veut mettre "plusieurs levures", alors on en mettra une différente dans chaque cuve, car sinon on n'a pas la moindre idée de laquelle va dominer les autres.
J'avoue : je sais pas ce que çà veut dire une "levure favorable à la thermo" mais je ne suis qu’œnologue. Simplement : évitez de mettre les levures avant la thermo, car la thermo n'est pas du tout favorable aux levures. En fait les levures, ça les vitrifie. Avant de fortement marquer le vin du point de vue aromatique. La thermo, pas les levures.
- Après c'est du grand n'importe quoi (encore plus, je veux dire) : selon Pierre Guigui en fin de fermentation on clarifie à la centrifugeuse (si çà s'est parfois envisagé au sortir d'une thermovinification, de là à en faire une généralité dans le cadre de l'obtention de vins rouges fruités ...), avant de microoxygéner (!?) puis de sulfiter.
- Tout en ajoutant des bactéries lactiques.
Ce qui est profondément désolant. En particulier parce que dans ce délicieux ouvrage il est indiqué (page 33) qu'en œnologie le soufre est largement utilisé ... pour ses propriétés antibactériennes !
Autrement dit : on met du soufre, et on ajoute les bactéries qu'il va tuer !? ça semble un conseil judicieux ...
- A la fin des fins on remet un petit coup de boisage à grands coups de copeaux, juste au cas où il resterait quelques arômes fruités après toutes les avanies que ce vin à subies.
Tout çà au nom de l'information du consommateur.
Mais ne nous dispersons pas et poursuivons.
Page 32 et suivantes diverses perles d'inculture œnologiques sont patiemment enfilées à propos de ma vieille copine Saccharomyces cerevisiae.
C'est globalement consternant.
Si le sujet vous intéresse, lisez plutôt mes billets sur le sujet : le premier est là.
Sinon je vous dis mon sentiment en deux phrases :
- la levure de terroir n'existe pas.
- il n'y a aucune raison que le fait qu'une levure se trouve en un endroit donné à un moment donné suffise pour que cette levure soit, de ce fait, la plus à même de donner un vin que nous qualifierons, culturellement, de "vin exprimant son terroir".
Ceux qui prétendent le contraire essaient de vous enfumer.
Page 35, Pierre Guigui nous apprend que l'acide lactique est un additif qui permet de désacidifier.
Ce qui est faux.
Étonnement, l'acide lactique est un acide qui acidifie. Faiblement, mais qui acidifie tout de même.
De plus, les doses maximum légales indiquées tant pour l'acide lactique que pour l'acide malique sont fausses puisqu'il confond leur quantité à ajouter avec l'expression de leur effet acidifiant en équivalent acide tartrique (oui : c'est technique et chiant. Mais ce n'est pas moi qui ai choisi d'en parler, et d'en parler mal).
A part çà tout va bien (non, je déconne : sur les produits de collage aussi il y a des trucs délirants).
Tout ça pour en venir à la rengaine habituelle : les vins bios sont gustativement supérieurs aux pas bio.
"Guide des vins bio 2023"
© BBD Editions
Les vignerons qui ne sont pas certifiés bio seront certainement ravis d'apprendre que leurs "parachutes" et "filets" les dispensent d'être attentifs au vivant, puisqu'ils utilisent des "procédés favorisant le maquillage du vivant".
La démonstration (ou ce qui en tient lieu) repose largement sur une étude dont j'ai déjà dit tout le mal qu'elle m'inspirait.
Ne serait-ce que parce que ses auteurs en venaient à cette affirmation ébouriffante :
"Figure 1 depicts how one representative producer practicing conventional agriculture could gain in quality by moving to organic practices (marginal gain = +6.2 pp) and eventually to more constraining biodynamic practices (marginal gain = +5.6 pp). Switching from conventional to biodynamic practices directly would result in a boost of 11.8 pp in quality. However, switching to reasoned agriculture would not change quality in a significant way (marginal gain = 0 pp). "
Je n'en reviens pas. Et je n'y reviens pas.
Ensuite viennent des vins (bio / nature / biod) dont les commentaires sont accompagnés de résultats analytiques (sulfites, alcool, sucres résiduels, calories) et d'un QRCode.
J'ai flashé les QRCodes et ils m'ont mené sur une vieille connaissance : le site "dans ma bouteille".
Ça faisait longtemps.
Rapide tour d'horizon des informations :
© "dans ma bouteille"
Non, le nutriscore n'est pas : "un logo qui indique la qualité nutritionnelle des aliments avec des notes allant de A à F."
C'est un logo qui informe sur la qualité nutritionnelle des produits sous une forme simplifiée et complémentaire à la déclaration nutritionnelle obligatoire.
En outre, le nutriscore est associé à des lettres allant de A à E.
E, pas F.
Et ceci en dépit d'une sortie de S. Hercberg qui fit alors grand bruit.
D'ailleurs, à en croire le titre d'un récent (avril 2022) article du même Serge Hercberg dans "La Revue des Oenologues" : le nutriscore serait "un logo d'information nutritionnelle s'appuyant sur des bases scientifiques solides".
Tellement solides que l'on peut sans autre forme de procès décréter que l'on doit purement et simplement apposer : "un nutriscore F noir aux boissons qui contiennent de l'alcool même en faibles quantités".
Je ne comprends pas comment on peut tout à la fois revendiquer des bases scientifiques solides (fondées sur un savant calcul largement coefficienté) et tenir fermement une position arbitraire sur la création d'une lettre à part, pour une catégorie d'aliments et ce quelle que soit la composition particulière de chacun d'entre eux.
Je comprends encore moins comment un livre qui se veut informatif et objectif sur le vin peut renvoyer vers une application qui nous annonce d'emblée :
"Une base de donnée complète.... et se permet d'attribuer un nutriscore F bien gras et bien noir (qui n'a rien d'officiel) à tous les vins présentés.
Des données certifiées par les laboratoires.
Toutes les informations sont issues d’analyses faites par des laboratoires certifiés"
Ceci dit au delà du fait que tous les vins se voyant affublés de ce F gras et noir je ne vois pas bien comment le nutriscore permettrait au consommateur de choisir le vin nutritionnellement le plus intéressant.
Mais j'oubliais le message essentiel que l'on nous prétend assener : "aucun vin n'est nutritionnellement intéressant".
D'où le F.
Circulez, y a rien à boire !
Alors les autres errements de ce site ne sont, en comparaison, que des péchés véniels.
Toutefois ils sont un rien énervants.
En particulier dans un media qui se veut informatif et fondé sur des "données certifiées par les laboratoires".
© "dans ma bouteille"
Non, la colle de pois n'est pas un ingrédient puisqu'elle n'est pas constitutive du vin.
Les produits de collage - dont la colle de pois - sont en effet destinés à éliminer certains composés avec lesquels ils ont une affinité, ce qui se fait par l'élimination des lies de collage, donc tant de la colle que de ce qui y est fixé.
En outre, mentionner "sulfites" et "bisulfite de potassium", c'est un peu comme porter sa ceinture avec des bretelles.
© "dans ma bouteille"
De même, j'avoue que je ne comprends pas bien la pertinence de "l'information" : "Fermentation à partir de levures ajoutées".
Ceci dit au delà du fait que la mention : "B201 activateur de fermentation" me laisse un rien perplexe.
La Levuline B201 est une souche de levure Saccharomyces cerevisiae qui fut sélectionnée par l'INRA de Colmar, dans le cadre de la fermentation des vins blancs.
Ce n'est pas un activateur de fermentation.
Un dernier exemple ?
Encore un produit de collage : l'albumine d'oeuf.
C'est une protéine.
© "dans ma bouteille"
Le site, qui communique des "données certifiées par les laboratoires" nous apprend que l'albumine d’œuf est l'un des ingrédients de ce vin (deux fois), mais que le dit vin ne contient pas de protéine.
Après le chat voici donc venir l'albumine d'œuf de Schroedinger, celle qui est dans le vin mais qui n'y est pas.
En outre je serais curieux de savoir quelle est la méthode utilisée par les laboratoires d’œnologie lorsqu'on en vient à la quantification des graisses, des acides gras saturés, des protéines, etc ...
Ah mais non, je suis con : y en a pas de méthode officielle ! car jusqu'alors, personne ne s'est jamais soucié de faire ces dosages dans le vin.
Donc précisons : "Toutes les informations sont issues d’analyses faites par des laboratoires certifiés" ... mais à partir de méthodes qui n'existent pas en œnologie (ce qui ne doit pas faciliter les choses lorsqu'il s'agit de les faire certifier).
Que disait le dossier de presse ?
Qu'il s'agit d'
"Un guide des vins bio attaché à la transparence et la diversité . Indépendant et objectif. Ce guide de sélection se propose de vous faire découvrir les vins bios en proposant un maximum d'informations afin d'éclairer le consommateur."
Soit.
A propos d'éclairage ... voici les références citées dans le papier de C Lavelle.
Nota : à titre personnel je ne suis pas convaincu que les sulfites présents dans le vin soient un réel enjeu de santé, et totalement persuadé qu'ils ne sont pas responsables des maux de tête post picole (lire ceci, par exemple).
Toutefois en [6] on trouve un questionnement différent sur les effets potentiels du SO2. Certes c'est in vitro et ne tient donc pas compte des conditions très particulières du milieu, ni du taux de conservation du SO2 ingéré jusqu'à ce stade. En outre les teneurs testées semblent difficilement atteignables par la seule consommation de vin ... mais on ne peut exclure que cette consommation y participe.
Dès lors, tant la question que la démarche sont intéressantes. En outre je ne les avais jamais rencontrées.
Ca mériterait presque que j'en remercie Pierre Guigui.
Presque.
Références du papier de C Lavelle :
[1] Règlement (CEE) n°822/87 du Conseil du 16 mars 1987 portant organisation commune du marché viti-vinicole, consultable ici https://op.europa.eu/fr/publication-detail/-/publication/65cb4d4b-20b3-42de-abb5-b6704a262005/language-fr
[2] https://vinmethodenature.org
[3] Rapport de la commission au parlement européen et au conseil concernant la mention obligatoire de la liste des ingrédients et de la déclaration nutritionnelle sur l’étiquetage des boissons alcoolisées, consultable ici https://eur-lex.europa.eu/legal-content/FR/TXT/HTML/?uri=CELEX:52017DC0058
[4] Gonzalez et al (2022). Certification of Natural Wine: Policy Controversies and Future Prospects. Front. Sustain. Food Syst. 6:875427 (consultable ici https://www.frontiersin.org/articles/10.3389/fsufs.2022.875427/full)
[5] Additifs, pesticides... Le vin que vous buvez ne contient pas que du raisin : découvrez le résultat de nos analyses. Enquête France Info publiée le 08/10/2018, accessible ici https://www.francetvinfo.fr/economie/emploi/metiers/agriculture/enquete-franceinfo-additifs-pesticides-le-vin-que-vous-buvez-ne-contient-pas-que-du-raisin-decouvrez-le-resultat-de-nos-analyses_2957897.html
[6] Irwin et al (2017). Sulfites inhibit the growth of four species of beneficial gut bacteria at concentrations regarded as safe for food. PLoS ONE 12(10): e0186629 (consultable ici https://journals.plos.org/plosone/article?id=10.1371/journal.pone.0186629).
[7] Liste exhaustive accessible ici http://www.vignevin.com/pratiques-oeno/liste.php
[8] Ressources sur le sujet disponibles ici https://www.cancer-environnement.fr/294-Alcool-et-cancer.ce.aspx
[9] Fernandes et al (2017). Wine Flavonoids in Health and Disease Prevention. Molecules 22(2), 292 (consultable ici https://www.mdpi.com/1420-3049/22/2/292).