Pour « le choix du mois », en l’occurrence ce mois d’octobre 2022, mon souvenir se porte spontanément sur cette exposition de Hélène Muheim vue à Paris, Galerie Valérie Delaunay, « quelque part dans l’inachevé ».
Sur les murs s’allongent des frises de dessins, sagement encadrés et protégés de vitres. On essaie d’oublier vite ces cadres qui viennent parfois couper le rythme du dessin et on suit le développement des paysages qui se déroulent devant nous. Paysages de montagnes apparemment classiques. Mais on est peu à peu troublés. ??
En fait, la réalité est fausse. Il y a erreur d’assemblage d’images. C’est emmêlé, retourné, découpé, effacé, décalé…Notre regard est perturbé. Le dessin est fouillé et précis, et pourtant c’est un bel embrouillamini (qu’on ne détecte pas tout de suite)! L’artiste décrit précisément roches, lacs, racines, ciel, arbres… mais le décor finit, malgré tout, par être irréel. Monde étrange et fantastique où les reflets ne reflètent pas, où les vallées n’ont ni début ni fin, où les falaises ont perdu des morceaux, où les arbres sont à l’envers et les racines à l’endroit…
Et il y a une autre ambiguïté : est-on devant une série de photos ou d’estampes japonaises ou de gravures anciennes ou de peintures chinoises? Tout à la fois, semble-t-il.
Autant dire que le travail de Hélène Muheim me plaît pour cela: une transformation de la réalité et des références multiples.
L’artiste travaille encre, poudre de graphite et ombre à paupière. L’ensemble présente ainsi une indécision, un flouté, un aspect de mousse humide, de paysage flottant. Cette nature sauvage, houleuse, mystérieuse, pleine de plis et de méandres cache parfois de minuscules constructions ou personnages…
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