Il y a un peu plus d’une semaine, le 4 août dernier, l’Agence Nationale marocaine de Réglementation des Télécommunications (ANRT) a publié ses “tableaux de bords trimestriels des marchés du mobile, du fixe, de la publiphonie et de l’Internet“. Occasion donc pour nous de faire un petit état des lieux des TIC au Maroc…
Selon les chiffres publiés par l’ANRT, “le parc des abonnés mobile a atteint 21 411 705″ après avoir connu une croissance trimestrielle d’environ 3,86%. Toujours selon l’organisme de régulation, “cette croissance du parc de la téléphonie mobile s’est répercutée positivement sur le taux de pénétration qui a atteint 69,43% au 30 juin 2008″ (et qui en juin 2007 était à 57,82%). Le marché de la téléphonie mobile est toujours dominé par la formule du postpayé ainsi que par le rôle de l’opérateur historique IAM, qui détient 2/3 du parc.
Cet opérateur domine également le marché de l’Internet : ce dernier a, en une année, progressé (au nombre d’abonnés) de 37%. L’ANRT constate “une prédominance des accès haut débit ADSL qui représentent 74,7% du parc Internet global” ; mode d’abonnement suivi par le 3G, qui a fait son arrivée au Maroc en avril 2007 et qui a d’ores et déjà séduit environ un peu moins de 159 000 personnes.
Tous ces chiffres soulignent le dynamisme marocain en matière de TIC ; dynamisme souligné également par Kamel Touati, récent docteur en Sciences Economiques (Paris 10), qui, dans le dernier numéro de la revue Géographie, Economie, Société, signe un article intitulé “Les technologies de l’information et de la communication : une chance pour le développement du monde arabe“.
Selon l’auteur, le Maroc est en effet, avec la Tunisie, le pays le plus dynamique en matière de TIC au Maghreb, devant l’Algérie, la Lybie et la Mauritanie. Toutefois, l’écart est encore grand avec les pays arabes du Golfe qui regroupent “près de 56% de la population [du monde arabe] qui a accès à Internet, 60% de la population qui a accès au téléphone mobile et près de 50% de celle aux lignes fixes.” Kamel Touati souligne ainsi l’existence d’une double fracture numérique : d’une part entre les pays arabes eux-mêmes, et d’autre part entre les pays arabes et les pays développés.
Selon lui, il existe de nombreux “obstacles à l’essor de la société arabe de l’information” à savoir : une grande faiblesse des budgets de Recherche & Développement (R&D), des infrastructures inappropriées (absence de coordination des réseaux à l’échelle régionale, faible compétition entre opérateurs de services etc.), des restrictions d’accès aux contenus du web (”habitués à imposer des restrictions aux médias et à contrôler étroitement l’information, les régimes autoritaires arabes hésitent à proposer une grande masse d’informations nationales en ligne et cherchent à ne pas perdre totalement le contrôle du contenu”), des sites web qui ne sont pas en langue arabe (moins de 1% du total du pages web) et d’autres facteurs culturels tels que la ségrégation envers les femmes (qui exclu de fait une grande partie de la population).
Or pour l’auteur, les TIC peuvent être une “opportunité [...] pour le développement du monde arabe”. Malheureusement j’ai souvent eu l’impression en lisant la dernière partie de son article consacrée à ce thème d’avoir entre les mains un rapport des organismes internationaux (type Union Internationale des Télécommunications) avec ce qu’il faut de conviction (au détriment de l’argumentation), de déterminisme technique et de recherche de style: “elles [les TIC] permettent d’assurer une meilleure intéraction entre l’Etat, ses institutions et le public. Elles sont porteuses d’efficacité et de transparence contribuant ainsi à une amélioration du processus de démocratisation, en facilitant l’ouverture du débat démocratique et la circulation des idées”. C’est dommage de finir là-dessus alors que les deux premières parties étaient assez réussies..
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