La promesse est dans l'air quasiment depuis l'émergence de la FinTech, sans jamais avoir été véritablement concrétisée, si ce n'est par bribes. Mais voici enfin une première tentative de créer une banque privée « digitale » : elle est originaire de Suisse (évidemment !), elle se nomme Alpian et elle vient d'ouvrir officiellement ses portes (virtuelles).
En total alignement avec les opportunités ouvertes par les technologies modernes, l'ambition de la jeune pousse n'est pas d'empiéter sur les plates-bandes des acteurs installés de la gestion de patrimoine mais de fournir un service équivalent à des populations qui ne peuvent aujourd'hui se le permettre, individus et ménages aisés qui aimeraient être mieux accompagnés dans le pilotage de leur argent… et ne se satisfont pas des outils d'investissement automatisé au périmètre d'intervention limité.
D'emblée, ce qui distingue l'offre d'Alpian est son intégration dans un univers unique des fonctions de banque du quotidien, spécialement ajustées aux attentes génériques de sa cible, et de différentes options en matière de placements. D'un côté, l'utilisateur aura donc à sa disposition un compte de dépôt, dans quatre devises (franc suisse, dollar américain, euro et livre sterling), et toutes les opérations courantes associées : transferts, y compris internationaux, retraits d'espèces et paiements, via une carte de débit (en métal)…
Sur le volet de l'épargne, la solution proposée ressemble à un robot-conseiller dopé. Le choix est par exemple laissé au client entre gestion pilotée et assistée de son portefeuille, en lui garantissant toujours, en totale transparence, une approche personnalisée, élaborée selon son profil, ses objectifs et ses préférences, notamment du point de vue des impacts sociaux et environnementaux. Les tarifs se veulent en outre compétitifs, en cohérence avec la mission affichée de la startup de démocratiser la banque privée.
Autre particularité notable du dispositif, et caractéristique probablement indispensable pour le marché visé, les clients peuvent joindre un spécialiste (basé en Suisse) pour répondre à toutes leurs questions et autres préoccupations. Via l'application mobile d'Alpian, qui constitue le point d'accès central à l'ensemble de ses services, l'utilisateur peut ainsi, en complément du tchat interactif, prendre rendez-vous à sa convenance afin d'obtenir un entretien vidéo (qui se déroulera dans le même espace sécurisé).
Il aura fallu attendre ce lancement pour que je prenne conscience que le vieux rêve d'une banque privée accessible à madame et monsieur tout-le-monde (ou presque) grâce aux progrès « digitaux » ne s'était pas encore matérialisé. En l'occurrence, Alpian est certes sur la bonne voie mais il lui reste un long chemin à parcourir, entre les produits supplémentaires qu'elle compte introduire au fil du temps, essentiels pour répondre aux besoins variés de sa clientèle, et l'affinement de son modèle de conseil, qui, s'il devait reposer exagérément sur des interactions humaines, la rendrait peut-être trop élitiste.