Retour en France sur le prochain psychodrame politique : le vote du budget 2023, présenté en conférence de presse sous le titre aguicheur : "Protéger les Français et aller vers le plein emploi". Le gouvernement est, en effet, à la recherche d'une majorité de circonstance pour faire passer son projet de loi de finances (PLF) 2023, nom donné légalement au budget de l'État. À défaut d'y parvenir, l'on s'achemine vers un passage en force à l'aide de l'article 49-3...
Des hypothèses optimistes
Comme tous les budgets, celui de 2023 est construit sur des hypothèses très optimistes (croissance de 2,7 % en 2022 et de 1 % en 2023, inflation à 5,3 % en 2022 et de 4,2 % en 2023...). Qu'on en juge dans le détail :
[ Source : PLF 2023 ]
Dépenses et recettes du budget de l'État 2023
En 2023, les dépenses budgétaires seraient tirées à la hausse entre autres par la poursuite du bouclier tarifaire pour les ménages et les entreprises, et d'autres mesures de pouvoir d'achat dont les chèques énergie. En parallèle, certaines recettes seront volontairement en baisse (sic), en raison notamment de l'indexation du barème de l'impôt sur le revenu sur l'inflation, de la suppression définitive de la taxe d'habitation sur les résidences principales et de la suppression de la contribution sur la valeur ajoutée des entreprises (CVAE) sur deux ans (vive les collectivités territoriales !).
L'on notera, avec une pointe d'ironie glaçante, que si la défense, l’enseignement, l’emploi et l’écologie obtiennent des crédits supplémentaires, le gouvernement reste empêtré dans ses contradictions, puisque les crédits alloués à l’usage des énergies fossiles augmentent aussi. Il est vrai qu'avec la crise énergétique qui se profile, dont l'hystérie collective sur la pénurie de carburants automobiles est un triste aperçu, le gouvernement ne sait plus à quel saint se vouer. Les transitions écologique et énergique sont dès lors (trop) vite reléguées au second plan.
[ Source : PLF 2023 ]
158,5 milliards d'euros de déficit budgétaire
En tout état de cause, comme le montre le tableau ci-dessous, les dépenses nettes de l’État se monteraient à 500 milliards d’euros en 2023 pour 345 milliards d’euros de recettes nettes, soit un déficit budgétaire de 158,5 milliards d’euros :
[ Source : PLF 2023 ]
Le déficit public
Trop souvent, les commentateurs confondent le déficit budgétaire (= de l'État) avec le déficit public, qui lui résulte de la somme des soldes de toutes les administrations publiques (État, collectivités, Sécurité sociale et administrations publiques diverses).
[ Source : PLF 2023 ]
Pour rassurer la Commission européenne, le gouvernement publie également un Projet de loi de programmation pluriannuelle des finances publiques pour la période 2023-2027, censé expliquer comment la France rentrera dans les clous financiers d'ici à 2027.
[ Source : HCFP ]
[ Source : HCFP ]
Mais à ce stade, faut-il rappeler que le Haut Conseil des finances publiques (HCFP) juge sévèrement cette trajectoire du quinquennat, la jugeant peu ambitieuse et fondée sur des hypothèses socioéconomiques trop optimistes ?
Une chose est certaine : le "quoi qu'il en coûte" est loin d'être terminé ! Mais suffira-t-il à éviter le naufrage d'un système socioéconomique visiblement à bout de souffle ?
P.S. L'image de ce billet provient du site https://62.snuipp.fr