Un 20 juillet 2008, à Barcelone.
Dans le plus grand stade d'Europe où 120 000 personnes peuvent s'assoir. La place N° 108000 est réservée au pape, mais il n'est jamais venu voir un match, alors un concert de rock, vous pensez !
Deux jours avant le concert, je suis passé devant le stade pour repérer les lieux. Il y avait là, dans un recoin de rue, tout un attroupement. Des gens couchés par terre, d'autres sous des tentes.
J'ai d'abord cru qu'il s'agissait de sans-papiers, je me suis approché et en discutant avec quelques uns, j'ai compris qu'il s'agissait de sans ticket !
Des Anglais, des Italiens, des Suédois…l'Auberge Espagnole.
Des fans, venus de partout en Europe étaient là sur le trottoir. Certains étaient là depuis déjà 3 jours, des Italiens. Ils avaient vu Springsteen 10 fois dont une fois à Milan. Ils campaient ici, en pleine ville pour être certain de rentrer les premiers sur la pelouse et surtout pour espérer trouver des tickets pour le deuxième concert.
Forza Italia !
Pourquoi les concerts de Springsteen à Barcelone étaient probablement meilleurs que les autres de la tournée européenne ?
Parce que le Boss se sent bien dans cette ville, il l'a dit et parce que ce public a la réputation d'être le meilleur du monde.
Deux concerts de suite avec prés de 90 000 personnes chaque soir, un public chaud comme la braise, ça galvanise inévitablement.
Springsteen comme d'habitude, grand seigneur a donné jusqu'à ses tripes. Peut-être même plus encore. Il a donné trois heures quinze d'un concert comme je n'en avais jamais vu.
Springsteen avec “…l'homme le plus imposant que vous n'avez jamais vu, Mister Clarence Clemons”.
C'était surréaliste.
Je vous en avais parlé à la radio après le concert de Anvers en vous disant qu'il fallait avoir vu le Boss une fois dans sa vie. Cela fait plus de trois semaines que le concert de Barcelone est passé et j'ai toujours des images dans la tête. Comme l'impression d'avoir vécu quelque chose avec quelqu'un que je connais bien.
Des gens qui sourient, une foule immense qui chante, un artiste qui ne se ménage pas, des musiciens qui jouent juste, un petit garçon de neuf ans qui chantait Radio Nowhere avec des étoiles dans les yeux.
J'ai la chance d'avoir vu presque tout ce qui se fait de mieux dans la planète rock, presque. Mais aucun artiste ne transporte une foule comme Springsteen.
Tout est là !
Après le concert en marchant dans la rue au milieu d'une foule bigarrée qui parlait italien, anglais, néerlandais, allemand, espagnol, russe, français, j'avais l'impression d'avoir passé un moment inoubliable avec un paquet de bons potes.
On a alors du mal à se quitter, on voudrait tous se poser un peu pour parler de ce qu'on a vu et vécu. Mais finalement chacun n'est capable que de murmurer quelques mots étouffés par une excitation intense. Chaque parole se noie dans un flot d'émotions et d'ivresse.
Celle foule sentimentale quitte alors les lieux presque en silence. C'est étrange cette sensation, des têtes à perte de vue, une marée humaine et presque pas de bruit.
Des voix diffuses et pas un quidam capable d'exprimer à ce moment là ce qu'il ressent, ce qu'il a vu.
Après 3h15 de zique, le final est une reprise de Twist and Shout à la guitare avec son fils.
C'est mieux ainsi, l'émotion reste intacte. Le refrain de Radio Nowhere, le riff de Twist and Shout, le chant de toute une population sur Badlands, continuent de raisonner dans les têtes pour longtemps.
Comme une envie depuis ce jour de n'écouter que des morceaux du Boss, pour conserver intacte la saveur de l'instant.
Springsteen's Familly
“Le temps finit par nous apprendre qu'il ne reste de ces milliers de disques qu'on a écoutés, de livres qu'on a lus, de films ou de peintures qu'on a vus qu'une poignée d'essentiels. La musique de Bruce est devenue avec le temps la bande son de ma propre vie.”
Antoine De Caunes
Merci à René Van Diemen et Sergi Ros pour les photos.
Deux jours plus tard, la scène est démontée, les tracteurs refont la pelouse.
Bruce Springsteen and the Street Band !
Merci à Frédéric Mievis.
Deux autres concerts de Springsteen sont ICI , et ICI AUSSI.