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Planche N°LIV #Ancient
- Antique -
Le trait le plus important de la faune moderne est son caractère stéréotypé, de sorte que la grande majorité des espèces ne relève que d’un petit nombre de plans anatomiques – et c’est précisément cela qui la distingue de la faune de Burgess.
S-J Gould – La Vie est belle : Les Surprises de l'évolution – 1991
Parce que la vie a démarré avec des formes unicellulaires très simples, elle n’a pu évoluer que vers plus de « complexité ». On imagine alors une complexification croissante, et une diversification croissante, des formes de vie au cours des temps géologiques. Cette progression chronologique résonne dans nos esprits avec le terme d’évolution dans son acception non-scientifique : « Le passage progressif d’un état à un autre » (Larousse). En réalité, l’évolution biologique ne doit pas être considérée comme un progrès ou un perfectionnement des formes de vie. Certains organismes peuvent par les mécanismes de sélection naturelle perdre certains organes. Les parasites en particulier présentent souvent ces régressions évolutives. Mentionnons par exemple le cas du Ténia (ou ver solitaire) qui ne présente aucune trace de tube digestif. Ce tube, cet intestin, constitue pourtant une innovation majeure du groupe des Bilatériens, existant depuis 555 Ma ! De la même façon, les espèces n’apparaissent pas à un rythme constant au cours de temps géologique. C’est l’un des apports majeurs de Gould, qui propose dans son principe des « équilibres ponctués », que le rythme de la diversification varie, avec de longues phases de stase, et des phases de diversification très rapide dans des petites populations isolées. Dans cette optique, les grands groupes d’animaux, caractérisés par une disposition particulière des organes (le plan d’organisation), ne sont pas apparus progressivement, mais assez brutalement à l’échelle des temps géologiques.
Le gisement fossile de Burgess, daté de - 520 Ma, offre un témoignage inestimable de cette période de diversification intense que fût le Cambrien. On y observe non seulement tous les grands embranchements d’animaux actuels, mais aussi 10 à 15 % de fossiles inclassables, c’est-à-dire dont le plan d’organisation n’a pas d’équivalent aujourd’hui ! On peut alors considérer le Cambrien comme un laboratoire d’essai évolutif, générant de façon contingente les plans d’organisation actuels. D’un modèle de diversification croissante, on passe alors à un modèle de diversification et décimation, où seuls quelques essais évolutifs sont conservés. Avec ses cinq yeux, sa trompe étrange, et ses branchies sur les nageoires, Opabinia regalis, est l’un des représentants de ces antiques embranchements disparus, ici celui des Lobopodes… Pour en savoir plus :
- Stephen Jay Gould – La Vie est belle : Les Surprises de l'évolution – 1991 – Ed.Seuil – 391p.
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