Magazine Concerts & Festivals

EP - YOJIMBO - Yojimbo

Publié le 05 octobre 2022 par Concerts-Review
EP - YOJIMBO - Yojimbo

auto-produit

michel

En 1961, Akira Kurosawa réalisait le long-métrage Yōjinbō, un samurai movie bourré d'hémoglobine, Sergio Leone s'en est largement inspiré pour créer "Per un pugno di dollari".

Quel rapport avec Strasbourg est la question.

Si la préfecture de la région Grand-Est a bien servi de cadre pour quelques films, dont "Qu'Allah bénisse la France" d'Abd Al Malik, on n'y a jamais croisé de ronins, la proximité de la Belgique a peut-être permis aux Alsaciens de faire connaissance avec la sauce samouraï, un must pour relever les frites ( Belgian Fries, please), ça n'explique pas la volonté d'un groupe du cru de se baptiser Yojimbo!

Yojimbo voit le jour en 2019 et se produit pour la première fois sur scène le 8 août de cette année pre-covid.

2020 et 2021, par la force des choses les voit hiberner, ils retâtent de la scène en octobre 2021 et peaufinent leur art culinaire, sans choucroute, durant l'année 2022 qui les voit, enfin, accoucher d'un premier self-titled EP.

Les combattants en armure: Sophie Steff (Guitare, Chant), Florent Herrbach (Guitare), Aurélien Schreiber (Basse ) et Stefan Legrand (Batterie).

Le genre, auto-proclamé: du stoner intergalactique!

Les titres:

1 Kingdom
2 Battlefield
3 The Fear Still Grows
4 Devil's Dance
5 Last Mile

L'artwork: original et stellaire, le nom du groupe en police d'écriture futuriste, sous lequel un organisme poïkilotherme, probablement un poisson nippon , semble avoir avalé une des boules de cristal abandonnée par Rascar Capac.

Mais bon sang, qu'a été faire l'Inca au royaume des ninjas?

Tu connais l'attirail du stoner: lenteur, atmosphère plombée, son gonflé, distorsion écrasante et fuzz, c à d tout l'héritage confié par les pionniers Black Sabbath ou Blue Cheer!

Pour démentir l'engrenage, 'Kingdom' débute par une intro soignée à la guitare acoustique, sur laquelle se greffe, en voix off , un discours énigmatique, un petit riff électrique amorce le virage heavy. Basse et guitares s'empâtent et la voix flegmatique, mais claire, de Sophie jaillit du royaume des ténèbres.

Tu la suis dans ce pays obscur et désertique, tout en serpentant au ralenti et en faisant gaffe de ne pas poser le pied sur un reptile enfoui sous un caillou. Soudain, une des guitares vient balancer une griffure caustique à la wah wah annonçant un changement de rythme non prévu.

Donc tu accélères le pas pour les suivre à grandes enjambées. Basse, batterie et guitares entament un parcours musclé et groovy, tu te dis, ça y est, c'est parti pour battre le record de Tony Martins aux dix mille mètres.

Tu t'es fait avoir, car alors que tu venais d'adopter une bonne cadence, le truc prend fin de manière abrupte .

Ils ont été appelés par le général à se rendre sur le 'Battlefield' .

C'est armés jusqu'aux dents qu'ils rejoignent le gros des troupes et là, ça cogne intensément.

La voix de Sophie, un cocktail Mariska Veres/ Grace Slick, se fait véhémente, Stefan, le petit tambour de Strasbourg, bastonne sévère, l'infanterie le suit et ce sont des vagues impétueuses qui viennent bousculer les lignes ennemies.

' The Fear Still Grows' reprend les gimmicks introductifs présents sur ' Kingdom'.

Le groupe a décidé d'ajouter une touche acide à son stoner et pendant près de sept minutes nous transporte dans un espace intersidéral qui aurait beaucoup plu à Hawkwind, qui, rappelons- le, a compté en son sein des gens aussi sérieux que Lemmy, Arthur Brown, Nik Turner ou Ginger Baker, sans oublier l'énigmatique et souvent peu vêtue Stacia qui ajoutait du piment aux performances scéniques des British.

Le chant lancinant de Miss Steff transforme la plage en complainte incantatoire aux relents ensorcelants prononcés.

Les riffs massifs et les lignes de basse plombées soutiennent superbement les vocaux, semblant détachés de la vocaliste.

En vue du terme, pour nous permettre de respirer, une guitare bien propre, à la Steve Howe, accompagne les vocalises célestes de la chanteuse.

Il n'y a pas que Metallica à dépeindre la danse du diable, Yojimbo propose lui aussi une ' Devil's Dance' bouillonnante.

Porté par des guitares tonitruantes, voici le dernier bal pour les damnés, avant l'inéluctable descente infernale au royaume souterrain du dieu Hadès.

Pour conclure l'EP, le groupe propose un ' Last Mile', légèrement plus hard speedé que doom nonchalant.

L'ombre de Black Sabbath se glisse dans tous les coins.

Les guitares et le chant se révèlent saccadés, au secours.....you can't run, you can't hide...., est suivi d'un bridge d'une lourdeur phénoménale et de halètements inquiétants, ce dernier mille va nous achever!

Une belle réussite que ce premier essai, Yojimbo se place déjà dans la foulée des top female fronted stoner rock bands.

Ruby the Hatchet, Purson, les belges de chez Black Mirrors, Astral Witch , Sahara Surfers, Acid King, etc... ont désormais des condisciples en Alsace.


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Concerts-Review 35011 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte