Il y a presque un an, Vitalic et Emel Mathlouthi interprétaient des textes de Ghada al-Samman, poétesse syrienne, née à Damas, qui vit actuellement à Paris.
Éric Gautier a traduit la première lettre du livre de Ghada al-Samman, Lettre à Damas… où mon cœur a vu le jour. En voici le début :
Tous ceux qui ont appris à dissimuler leurs émotions explosent comme des torrents lorsqu’ils doivent se confier. Me voici donc en train de me confier et d’écrire sur la ville où mon cœur a vu le jour.
Lorsque j’écris sur Damas, ma feuille se transforme en une voile blanche, le stylo dans ma main devient un épi de blé et mes doigts un arc-en-ciel.
Lorsque j’écris sur Damas, la langue qui était là inerte et immobile s’illumine de fertilité et de lumière. Elle reprend vie et les mots se transforment en une tribu d’enfants aux yeux curieux. Ils se pressent vers la cour de la feuille, sautent par dessus les lignes, murmurent contre moi dans le coin de la page comme les petits diables d’une crèche, quand ils découvrent que leur maîtresse est amoureuse.
Lorsque j’écris sur Damas, je sanglote dans le giron de la feuille, en silence, et verse des larmes d’encre.
Meriem Bekkali a traduit quelques poèmes, publiés chez L’Harmattan sous le titre Toutes les cimes sont mon ombre où l’on peut lire, entre autres textes :
Résumé
Les hommes se ressemblent
en tout temps et en tout lieu,
mais il est sûr que je suis une femme différente.
Emel dit, au cours du concert avec Vitalic, mariant avec talent musique électronique et poésie, ce texte, Fils du vent, qui se termine ainsi :
Chaque matin je me lève de mes cendres
pour t’aimer
Ce n’est qu’un aspect de la poésie de Ghada al-Samman.
Éric Gautier indique (« Damas dans le miroir des écrivains et des poètes arabes (2). Ghada al-Samman », Les Carnets de l’Ifpo. La recherche en train de se faire à l’Institut français du Proche-Orient (Hypotheses.org), 2٣ janvier 2014) : Auteure d’une quarantaine d’ouvrages réédités à de nombreuses reprises et qui vont du roman au recueil de poèmes, en passant par la nouvelle, l’essai et la lettre, Ghada al-Samman est aussi considérée comme une des figures du mouvement féministe dans le monde arabe. Elle fonde en 1977 sa propre maison d’édition à Beyrouth : Éditions Ghada al-Samman.
En cliquant sur la photo de Vitalic et Emel, en haut de cet article, vous pourrez écouter ce concert.