J’ai donné mon cœur
à la fête
Et pourtant ce n’est pas
à cause de moi
que la fête est grise
Où vais-je jouer
ce clairon
qui me colle à la gorge
La viande se jouait
de ma détresse
Et pourtant
mon rire était vin de noces
et pourtant
mes mains étaient fleurs de diadème
Le jour lève une aube flétrie
à quoi bon une tête ronde
se peupler le corps d’hydre
et creuser dans les gemmes des puits
où l’eau déjà folâtre pouffait
Mon nom colle à la fête
et c’est en vain
que je m’ouvre les veines.
***
Tchicaya U Tam’si (1931-1988) – J’étais nu pour le premier baiser de ma mère (Gallimard, 2013)