Critique du Principe d’Incertitude, de Simon Stephens, vu le 29 septembre 2022 au Théâtre Montparnasse
Avec Jean-Pierre Darroussin et Laura Smet, mis en scène par Louis-Do de Lencquesaing
Je n’aurais pas dû aller voir ce spectacle. Lorsque je fais ma sélection en début d’année, j’essaie de ne programmer que des spectacles qui cochent suffisamment de cases pour avoir une chance de vraiment me plaire, et j’avais trop de doutes sur ce Principe d’incertitude pour le faire rentrer dans mon planning. Oui mais voilà, Le Roi Lear de la Comédie-Française ayant été annulé et les copains ayant organisé une sortie commune au Théâtre Montparnasse… je me suis laissée convaincre. La seule chose positive que je tire de cette soirée (au-delà d’avoir vu les copains, ce qui est toujours chouette), c’est que je suis heureuse de me dire que mon instinct n’est pas trop mauvais (ou que je commence à bien connaître ce milieu, peut-être).
Le principe d’incertitude, c’est celui d’Heisenberg, qui stipule qu’au niveau microscopique, on ne peut connaître avec précision deux propriétés physiques d’une même particule. Il est appliqué ici au niveau macroscopique, puisque la question de l’incertitude touche plutôt la rencontre et l’appréhension de deux êtres que tout oppose.
Avant d’y aller, je doutais vraiment du talent de comédienne de Laura Smet – enfin, il n’est pas vraiment question de talent, plutôt de travail. Je ne comprenais pas comment quelqu’un qui n’avait jamais mis les pieds sur une scène de théâtre se retrouvait sur le plateau du Théâtre Montparnasse, qui fait partie des plus grands théâtres privés parisiens, en terme de capacité. Enfin disons que si, je comprenais comment, mais j’avais l’espoir que peut-être ce n’était pas uniquement sur son nom qu’on l’avait choisie. J’étais toute prête à reconnaître que je m’étais trompée. On ne boude pas une bonne soirée !
Au moment de partir de chez moi, j’ai regardé la bande-annonce. Comme ça, l’air de rien, histoire de me préparer. Je me suis dit que ça commençait à sentir le roussi. Je la mets ici, histoire que vous puissiez vous faire votre propre avis.
Et bien, croyez-le ou non, c’est encore pire sur scène. Cela fait un petit moment maintenant que je n’ai pas fait de critique assassine, comme on dit. On argumente, on trouve des qualités, il y a quand même du travail, ce n’est pas mon style de théâtre, tout ça tout ça. Mais parfois il n’y a pas grand chose à sauver. Et quand ce pas grand chose coûte 64€ en carré or, je retrouve mon ardeur d’antan, j’enfile ma cape de super-spectateur, et je crie au monde de garder son argent pour un autre spectacle.
Et parce qu’il faut quand même s’expliquer, même si je vais passer à nouveau pour la méchante de service, je dirais simplement que Laura Smet n’est pas encore une comédienne de théâtre. Que le passage de la vie à la scène lui a ôté toute substance, toute intonation, toute nuance. Qu’elle récite son texte sur un ton monocorde d’un bout à l’autre du spectacle. Et que Jean-Pierre Darroussin prouve à nouveau l’excellent acteur qu’il est en parvenant à faire exister son personnage malgré tout.
J’aurais aimé me défaire de certaines de mes certitudes. Ce sera pour la prochaine fois.