Par Francis Rosenstiel
Politiques et historiens ont tous deux de la mémoire, toujours est-il qu'elle n'assume pas la même fonction pour chacun
Cela fait partie de leurs "normalités" respectives!
L'affaire" caucaso-géorgienne" en fournit une illustration spectaculaire et réactualisée. Peut-être une sorte de mise en garde!.
Un regard en arrière s'impose.
Nous sommes en 1946, l'Europe des murs et des rideaux de fer va s'installer au lendemain de la commune victoire sur le nazisme et le fascisme....Un schisme idéologique se met en place et se fossilise, tant bien que mal, jusqu 'à l'implosion de l'empire soviétique et la "Révélation" démocratique généralisée...à partir de 1989. Un" arc en ciel ", s'étendant de Cracovie à Rome aidera, à donner à tout cela quelque aura de Lumière!
Comment s'étonner dès lors que nous observions des "effets de traîne" successifs et des "dommages collatéraux", tantôt positifs, tantôt négatifs pour les uns ou pour les autres? Rarement en même temps!
Les "livrets" changent les paroles aussi, mais les "partitions" musicales et les mises en scène évoluent peu dans leur nature.
Ainsi en 1946 le mot clé est "containment" à savoir " endiguement" théorie de George Kennan, mise en œuvre par le Secrétaire d'Etat américain James Byrnes.Il s'agissait (déjà!) d'éviter un effet "domino" alors en Europe de l'Est, avant d'initier avec l'OTAN (déjà!) une politique de "rollback" à savoir,"refoulement", sous la direction du président Eisenhower et du Secrétaire d'Etat américain John Foster Dulles.
Il y a sans doute quelque 'amertume à Moscou d'avoir vu -et de risquer de voir encore -"s'effilocher " un Empire, sérieusement ébranlé dans ses fondements à la fois ethniques, idéologiques et désormais religieux aussi.
Les effets cumulés du 11 septembre ne peuvent pas être "métabolisés" à l'infini et de manière politiquement synchronisée, de surcroît!
En outre, Les caprices des itinéraires pétroliers, sur fonds de crise économique planétaire, donnent une dimension "objective" aux enjeux, difficiles à concilier avec les dynamiques spécifiques de l'Union européenne et de l'OTAN.
Il y a donc aujourd'hui à nouveau dans les comportements et dans les actes un" petit " côté:": « touche pas à mon grisbi », « ne me pousse pas à bout (au bout!) »
Hier les tabous différemment "partagés" s'appelaient, Budapest, Prague ou Berlin Ils ont aujourd'hui d'autres localisations, d'autres alternatives avec des simulacres de partage, Téhéran, Liban, Gaza., Beijing!
Les chars, les avions et les petites "musiques" ont changé d'itinéraires!
En somme, un jeu de rôles qui ne fonctionne pas très bien. Règles et triches se confondent souvent; seuls les cadavres se ressemblent étrangement.
La récente initiative Sarkozy à Moscou et en Géorgie, au nom de l'Union européenne, démontre aujourd'hui,de par sa réussite même, que le seul vecteur de convergence est devenu la commune volonté de paix. Cette volonté n'est pas affaire d'idéologie mais la conscience, encore imparfaite, d'un impératif collectif et simultané
L'Union Européenne, certainement, et peut-être, toute l'Europe peuvent et doivent être à cet égard et l'exemple et le moteur.
Francis Rosenstiel.
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* Francis Rosenstiel est ambassadeur de bonne volonté du Conseil de l'Europe et président-fondateur du Forum pour l'Europe démocratique
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