Le désir est inséparable de la vie. Au fond, il n'y a pas de vie sans désir, ni de désir sans vie, si bien que les deux sont inséparables. De même, le désir est inséparable de la conscience. Ceci revient à dire que le désir n'est pas étranger à la conscience, ni même une qualité de la conscience, mais un autre nom pour la conscience même.
Comprendre le désir en toute sa portée est donc ouvrir la porte à une réalisation de la vie, de la conscience.
Or, l'un des visages du désir est l'imitation.
Du moindre degré de conscience jusqu'à la contemplation la plus simple, l'élan vers l'Un est désir d'union, d'assimilation, d'intégration, de fusion, voire de digestion.
Les humains s'imitent. La participation, la bhakti, sont au cœur des relations humaines. L'admiration, la dévotion, l'identification sont au cœur de l'expérience. Le Tantra appelle ce pouvoir vimarsha, terme le plus difficile à traduire. Être conscient, c'est se manifester et s'identifier à certaines manifestations en opposition à d'autres.
Les héros, les gourous, les dieux que l'on prie : autant d'images, de présences auxquelles on s'identifie. Tout le monde imite. Des symboles, des modèles, des stars, des archétypes. L'éducation est imitation, depuis l'apprentissage de la langue jusqu'à la fin.
L'une des pratiques du Tantra consiste à imiter une incarnation du divin. L'osmose joue à tous les niveaux et dans tous les sens.
Mais aussi, désir à cause d'un manque, d'une contraction. D'où le consumérisme, l'hédonisme, l'épicurisme. D'où la croissance, le progrès, l'exploration, inévitables.
Le yoga, en tant que désir d'union, est une des formes de l'imitation.
La bhakti, l'amour divin ou dévotion est, bien sûr, imitation de l'Objet aimé.